Gad Elmaleh : In Gad we trust

by La Rédaction

Après ses inénarrables one man shows, le gosse turbulent de Casablanca savoure aujourd’hui un succès mérité sur grand écran : son Chouchou est en train de truster les premières places du box office français. Retour sur l’histoire, le présent et l’avenir d’un enfant prodige…

Il y a exactement trente-deux ans (et quelques jours), la famille Elmaleh accueillait dans son ménage un petit nouveau, qu’ils s’empressèrent de baptiser Gad.
D’une enfance sans histoires, passée dans le quartier casablancais du CIL et dans le giron de son mime de papa, il gardera surtout un certain don (ou plutôt un don certain) pour la scène et le spectacle.
L’adolescence est moins commune : devenu “chahuteur en chef” de ses classes, Gad poursuit une scolarité assez chaotique, interrompue à l’âge de 17 ans par une décision capitale, qui allait changer sa vie : il quitte le Maroc pour aller au Canada parce que, paraît-il, “il rêvait d’Amérique, mais il ne parlait pas Anglais”. Et bien que l’accent québécois lui fut tout aussi étranger, il y restera quand même quatre années, à tâter du Sciences po, du théâtre et même de la radio, tout en improvisant ci-et-là quelques sketches dans les cabarets de Montréal.

   

Révélation ? Prémonition ? En tout cas, Gad plie bagages pour Paris, histoire d’y suivre une formation classique d’acteur au cours Florent. Pendant les deux années et demie que durera l’apprentissage, il occupe ses heures perdues à coucher sur le papier ce qui sera son premier spectacle. Un one man show, qui a pour trame son propre périple et son propre vécu, opportunément titré “Décalages”. Joué d’abord dans ses deux villes “natales”, Casablanca et Montréal, il est repris ensuite à Paris. C’est la révélation ! Gad est lancé et plus rien ni personne ne l’arrêtera : il enchaîne les rôles au cinéma (Salut Cousin, XXL, L’Homme est une femme comme les autres…), les télés (dont un mémorable 31 décembre 1999 sur Canal+ dans le Jamel Show), avant de monter son second spectacle. Plus qu’une confirmation, “la Vie Normale” est surtout une attestation de sa maturité, brandie devant ceux qui n’ont vu en Gad qu’une étoile filante, au mieux une formule marketing (l’humour judéo-arabo-pied noir). C’est d’ailleurs l’un des personnages de ce one man show, un certain Chouchou, qui lui permet aujourd’hui d’exploser sur grand écran.
Il court, il court, l’enfant turbulent de Casablanca, au volant de sa Gadmobile. La prochaine étape ? Chantre de la discrétion, il n’en révèle pas beaucoup. Mais notre petit doigt nous dit que ce sera un énième succès. Parce que, faut-il le répéter, In Gad we trust.

Version Homme : Parle-nous un peu de ton enfance casablancaise et de ce que tu en retiens.
Gad Elmaleh : J’ai grandi au CIL. Un quartier où il y a une certaine douceur de vivre. À l’époque, je fréquentais l’école Georges Bizet. J’y allais à pied de la maison et j’ai toujours un souvenir très précis du trajet que j’empruntais chaque jour, en rêvant à ce que je voulais devenir au plus profond de moi. J’étais tout petit, mais je rêvais en permanence. Je continue à le faire, d’ailleurs.
J’aimais la différence que ce quartier avait avec le centre ville, où je me rendais soit pour voir ma grand-mère, soit pour faire des courses avec mes parents. La puissance énergétique de Casablanca-Centre me fascinait déjà.
Je ne peux pas non plus parler de mon enfance sans citer Tahiti Plage, la piscine où j’ai pratiquement passé tous mes étés. Au moment où je vous parle, le son de cette plage et l’odeur de la mer me manquent tellement.

Comment as-tu fait la rencontre de Dame Comédie ?
Je crois sincèrement que c’était pour moi un vrai destin. D’ailleurs, je ne vois vraiment pas ce que j’aurais pu faire d’autre. Certains artistes parlent d’un déclic dans leur parcours. Pas moi. Je pense que, dès le départ, c’était inscrit en moi.
Bref, entre moi et la comédie, c’était une vraie passion. Et comme je voulais en faire ma profession, j’ai décidé de l’apprendre comme n’importe quel autre métier. C’est ce qui m’a conduit au cours Florent, à Paris. C’est là que j’ai eu la chance de
tout apprendre.
Bien évidemment, ce n’était pas aussi simple. L’encouragement et l’appui de mes parents m’ont énormément aidé. C’est quelque chose de très important quand on veut faire ce drôle de métier qu’est celui de comédien.

Quels sont les humoristes et comédiens qui t’ont inspiré et influencé ?
Je citerai d’abord le plus grand parmi les grands : Charlie Chaplin. J’ai aussi été énormément influencé par Woody Allen ainsi que par Philippe Caubère, comédien, auteur et metteur en scène français.

Ton humour, tu le qualifierais de français, marocain, juif ou bien des trois à la fois ?
Mon humour est celui de l’ouverture, de la tolérance et de la tradition populaire. Je n’ai aucune envie d’être enfermé dans une case, d’être catalogué. Bien sûr que je suis fier de mes origines, qui ont d’ailleurs servi de trames principales à mes différents textes. Mais je veux toujours rester ouvert, c’est très important pour un artiste.

Tes spectacles comportent souvent des vannes “made in Morocco”. Comment fais-tu pour en avoir un stock depuis que tu es installé en France ?
Ce qu’on apprend dans les cours de théâtre, c’est que la mémoire, tant affective que sensorielle, est d’une force extraordinaire. Les vannes marocaines que comportent mes textes ne sont pas que des souvenirs. Tout ce que je garde du Maroc n’est pas que souvenirs. Ce sont des composantes de moi-même.

Depuis un certain temps, tu surfes entre les spectacles et le cinéma. Le film “Chouchou”, au succès éclatant, est d’ailleurs une rencontre des deux. Une émission télé ne te tente pas ?
Si on me propose un jour un projet télévisuel où je suis assuré d’une certaine liberté, sans subir trop de contraintes au niveau artistique. Si on me laisse créer à mon aise à la télévision, pourquoi pas ? C’est la chance que m’avait donnée Alain Chabat pour son Burger Quizz sur Canal+. Un pied total.

V H Est-ce que Gad pourrait un jour s’essayer à des rôles “hors comédie”, d’autant que beaucoup t’en disent amplement capable ?
Je ne demande pas mieux. Je pense qu’un acteur peut être plus à l’aise dans tel ou tel registre, mais il doit avoir la capacité de naviguer entre différents styles d’écriture. Pour répondre à votre question, si le scénario est bon, je fonce.

Tu as affirmé sur un plateau télé que tu “étais fier de porter un nom arabe et un prénom juif”. Cela signifierait que tu es partagé sur la situation actuelle en Palestine ?
Concernant le drame israélo-palestinien, je ne suis absolument pas partagé. Je pense qu’il faut que les deux peuples puissent vivre en paix. Je crois surtout qu’il est nécessaire que chacun de ces peuples ait un Etat. Je crois profondément à la paix.

Où en est justement le projet de spectacle en duo avec Jamel ?
Il faudrait qu’on ait le temps de l’écrire et de travailler dessus. Mais en ce moment, c’est un peu difficile pour moi comme pour Jamel : nous avons un emploi du temps de dingue !

Spectacles, cinéma, chanson… C’est quoi le prochain challenge pour Elmaleh ?
Le prochain challenge ? Ce serait en quelque sorte de mélanger tout ça. J’ai envie de monter une comédie musicale qui serait jouée, chantée et filmée. Comme ça, le public pourra la voir au théâtre, au cinéma et à la télé. Ah ! J’allais oublier. Ce serait bien aussi qu’on puisse l’écouter à la radio. J’adooooooooore la vie.


En aparté

Une question qui travaille des milliers de fans : est-ce que tu es fumeur ? Et de quoi ?
Je suis non fumeur. Il m’arrive cependant de m’allumer, de temps en temps, un bon cigare. C’est tout !

Tu parles couramment l’arabe (enfin le marocain). Sors-nous le mot que tu utilises le plus souvent.
L’ “Kherchouf” !

Quand est-ce que tu vas te lancer dans la politique ?
Quand les coqs auront des cornes !

Est-ce que tu as manifesté contre la guerre en Irak ? Qu’est ce qu’il y avait d’écrit sur ta pancarte ?
Je n’ai pas de pancarte. Je veux la paix.

Ta maman, elle ne doit pas être contente que tu sois encore célibataire ?
En vérité, elle ne le sait pas.

VH projette de sortir un calendrier de charme avec des hommes uniquement. Ça te dirait d’être parmi nos modèles ?
Avec le plus grand des plaisirs. Mais à condition de respecter le mois de mai.

Dernière question : t’as quoi comme voiture, comme montre et comme chaussettes ?
Ma voiture, c’est une Gadmobile. Ma montre, c’est une Magana Waterproof. Quant à ma chaussette, elle est blanche avec une rayure rouge et bleu. Elle a en plus le double airbag, l’ABS et un système antigel.

Le questionnaire de Proust

Ton mot préféré ?
Merci.
Le mot que tu détestes ?
Certitude.
La qualité que tu préfères chez un homme ?
La pudeur.
Quel est ton principal défaut ?
L’impatience.
Les fautes pour lesquelles tu as le plus d’indulgence ?
La bêtise.
Ton occupation favorite ?
La musique.
Ta drogue favorite ?
La scène.
Ce que tu détestes par-dessus tout ?
L’intolérance.

Ton rêve de bonheur ?
Jouer un sketch place Jamaa El Fna.
Que possèdes-tu de plus cher ?
Un enfant.
Qu’as-tu réussi de mieux dans ta vie ?
Un cake au chocolat.
Quel serait ton plus grand malheur ?
De le rater.
À quel moment de ta vie as-tu été le plus heureux ?
Quand je l’ai mangé.
Le don de la nature que tu voudrais avoir ?
Savoir cuisiner.
Le son, le bruit que tu aimes ?
La pluie fine.
Le personnage historique qui suscite ton admiration ?
Monsieur XIV, Louis de son prénom.
Ton film culte ?
Le Kid.
Ton livre de chevet ?
Je n’ai pas de chevet.
Qu’emmènerais-tu sur une île déserte ?
Des promoteurs immobiliers.
Comment aimerais-tu mourir ?
“Allah I Hfed”
Que regrettes-tu d’avoir fait durant ta vie ?
Non, rien de rien…
Ce que tu ferais s’il ne te restait qu’une semaine à vivre ?
L’amour.
État présent de ton esprit ?
Concentré.
Ta devise ?
L’euro.

 

   

Vous aimerez aussi