L’histoire est vieille comme les Annunaki. Un homme, Enki. Une femme, Ninurshag. Et l’amour. La passion. Le désir. La volonté de faire du chemin. Beaucoup de chemin ensemble. Finalement c’est cela le fin fond de cette dualité des êtres. Deux belles entités, très opposées qui s’attirent irrésistiblement. L’attraction est phénoménale. Elle a l’énergie du souffle solaire. Elle a la dévastation du déluge. La grandeur des pyramides. Dans le sens ancien qui couve le feu et crée la vie. C’est cela une femme et un homme. Le reste ? Contingences de la vie routinière. Esclavage aux pendules des horloges. Suivi ininterrompu des attentes. Et quand on attend, on peut être déçu. À trop attendre, on perd sa foi. C’est vérifié.
Maintenant qu’attend l’un de l’autre ? De l’amour ? Ce n’est jamais suffisant. De la passion ? Cela peut être dévastateur et peu de personnes savent encaisser les ouragans causés par la passion. Autant dire que la passion appartient à un monde révolu. Oublié. Qu’attend l’un de l’autre donc ? Du désir, du sexe, sans âme ? Cela peut être beau, mais il y faut une sacrée dose de folie, d’amour et d’imagination. De l’argent ? De la matière, des choses à voir grossir et bouffer la vie elle-même à trop se perdre dans les apparences, le besoin de plus, la cupidité de toujours en avoir davantage ? Car, la vie moderne n’est que cette frénésie de paraître ce qu’on n’est pas. Et souvent, très souvent, les uns et les autres ne savent même pas qui ils sont ni ce qu’ils veulent de la vie. Ils se laissent porter par des vagues minces et sans substance, qui les jettent sur des rivages factices et sans fondements.
C’est quoi un couple ? Un pacte ? Un acte? Un accord ? Un contrat ? Une femme et un homme sont plus que cela et doivent être à des années lumière de toutes ces petitesses du quotidien. Leur contrat est viscéral. Leur accord est blindé par la foi l’un dans l’autre. Leur acte est de prendre acte de leur désir de faire une vie à deux dans le respect, l’estime, la volonté de voir l’autre meilleur, toujours porté aux nues, mis sur un piédestal non pour être idolâtré, mais pour être un exemple. L’un pour l’autre. Toujours.
A quoi ressemble la vie des couples aujourd’hui ? Des habitudes. Des ajournements. De la méconnaissance. Avez-vous remarqué comme les uns et les autres rechignent avec insistance à ne pas vouloir savoir avec qui ils vivent ? On décide de partager les jours et les nuits d’une femme, d’un homme, et on refuse de savoir qui il est, ce qu’il ressent, comment il vit, comment il pense, comment il voit le monde à deux ? Pour certains, trop nombreux, il faut juste une femme. Pour d’autres, tout aussi trop nombreuses, il faut juste un homme. Combler un vide. Remplir un trou. Quelle misère !
Vous allez me dire mais c’est noir comme vision. Vous avez raison. Et je le fais à dessein. On se cache toujours derrière les images faussement enjolivées de la vie et des rapports entre femme et homme. A chaque occasion, on détourne le regard, on colmate les brèches de l’âme, on fait semblant, on remet un autre masque. Celui du biaisement avec soi. Celui de la supercherie qui prend avec soi et trompe les autres. Mais au fond, prenez le temps d’un instant, un moment de réelle réflexion. Penchez-vous sur les failles de votre vie, les fêlures avec vos hommes et vos femmes, dites-vous la vérité, ne vous faites pas de quartiers, allez-y à fond, fixez-votre visage dans un miroir qui ne déforme aucune réalité, et ouvrez les vannes… c’est salvateur. Pour peu qu’on soit sincère avec soi.
La vie moderne éloigne la femme de son homme. L’homme de sa femme. Les enfants des parents. Les parents des enfants. Les familles des familles. Les amis, les connaissances… Certains fuient dans des univers virtuels et vivent à coups de clics. D’autres se terrent dans le silence et la rancœur. Quand d’autres abdiquent. Ceux qui résistent aiment la vie. Ceux qui disent non au manque d’amour et de passion, aiment le miracle de cette existence, somme toute courte et qui ne vaut que parce qu’on y a réussi son amour et partant, son parcours. Amen.
Une femme,Un homme
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