Danger pour l’art Africain

by Mounira Tyal

Nous avons partagé avec nos lecteurs, dans notre édition du 25 février, le succès de la foire d’art 1-54 de Marrakech qui a vu un nombre important de collectionneurs affluer autour de l’art africain. Cette fois-ci, nous voudrions mettre le doigt sur une analyse faite par la plateforme en ligne Artnet, dont le siège se trouve à Berlin en Allemagne, par rapport à cet engouement inquiétant pour cet évènement.  Artnet, se demande s’il y a lieu de s’inquiéter par rapport à un éventuel exode des œuvres d’art, craignant que les spéculateurs étrangers s’emparent de grandes œuvres à bas prix. En effet, cette plateforme dédiée au marché de l’art international confirme que la tendance est orientée actuellement sur l’art africain contemporain puisque que les musées occidentaux cherchent à diversifier leurs collections et les collectionneurs d’art réclament à cor et à cri de découvrir cette grande nouveauté. Les retombées de cette exhibition réussie à l’hôtel Mamounia, sont une augmentation notoire des ventes, d’œuvres dont la majorité acquise par les collectionneurs se dirige vers l’Europe et l’Amérique du Nord, laissant ainsi peu d’entre elle sur le continent africain. A titre d’exemple, selon Artnet, lors des ventes aux enchères de février à Londres, L’un des tableaux de la jeune artiste ghanéenne Amoako Boafo s’est vendu à Phillips pour une première vente aux enchères de l’artiste à 881 432 dollars, soit plus de dix fois son estimation la plus élevée.  Pour Jean David Nkot, un artiste camerounais de 29 ans, la montée en puissance de l’intérêt étranger pour l’art africain est une source réelle d’inquiétude.  » Tout notre patrimoine se trouve en dehors du continent », a déclaré M. Nkot. « Si je veux voir une sculpture de mon ancêtre, je dois obtenir un visa, quitter mon pays et payer l’entrée d’un musée étranger ». Il craint que dans quelques années, « nous pourrions nous retrouver dans une situation similaire où toutes les meilleures œuvres des Africains se trouveront en Europe ». Il a ajouté qu’il y a quelque chose d’exploiteur dans l’intérêt du marché secondaire, lorsque des œuvres achetées sur le marché primaire à bas prix sont revendues au profit de collectionneurs-spectateurs étrangers.

   

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