Il est clair que le monde est entré en phase pandémique en ce qui concerne le COVID-19. Mais cela ne signifie pas pour autant que nous sommes condamnés à mort, mais certainement que sa transmissibilité et son extension sont exponentielles.
La panique est tout aussi pandémique. Les médias et les réseaux sociaux nous tiennent informés en temps réel et les fake news font la parallèle. S’il est important de s’enquérir de l’évolution de la situation, il faut également retenir les informations positives, dont nous partageons les essentielles :
- Nous savons ce qui est à l’origine de la maladie. Nous savons déjà qu’il s’agit d’un coronavirus appartenant au groupe 2B, autrement dit de la même famille que le SRAS, et nous lui avons donné un nom : SARS-CoV-2. La maladie qu’il provoque est elle aussi baptisée : Covid-19. Ce nouveau virus est apparenté à un coronavirus de chauves-souris. Les analyses génétiques ont confirmé qu’il est d’origine naturelle, qu’il a émergé récemment (entre fin novembre et début décembre), et que, bien que les virus s’adaptent en mutant, la fréquence de mutation du SARS-CoV-2 n’est pas très élevée.
- Nous savons comment détecter la maladie. Dès le 13 janvier, un test RT-PCR permettant de détecter le virus a été rendu accessible à tous. Et ces derniers mois, les tests ont été perfectionnés.
- En Chine, la situation s’améliore. Les importantes mesures de contrôle et d’isolement imposées par la Chine portent leurs fruits : le nombre de cas diagnostiqués quotidiennement diminue depuis plusieurs semaines.
- 81 % des cas sont bénins. La maladie ne provoque aucun symptôme ou est bénigne dans 81 % des cas. Dans 14 % des cas, elle peut provoquer une pneumonie sévère et dans les 5% restant, elle peut devenir critique, voire mortelle.
- Les gens guérissent. Les médias ont parfois tendance à ne rendre compte que de l’augmentation du nombre de cas confirmés et du nombre de décès. Néanmoins, la majorité des personnes qui ont été infectées sont guéries. On dénombre en effet 13 fois plus de guérisons que de décès, et cette proposition est en augmentation.
- Les enfants ne sont (presque) pas affectés. Seul 3 % des cas concernent des jeunes de moins de 20 ans, et la mortalité chez les personnes de moins de 40 ans n’est que de 0,2 %.
- Le coronavirus est facilement inactivé. Le virus peut être efficacement inactivé en nettoyant pendant une minute les surfaces contaminées avec une solution d’éthanol (alcool à 62-71 %), de peroxyde d’hydrogène (« eau oxygénée » à 0,5 %) ou d’hypochlorite de sodium (eau de javel à 0,1 %). Le lavage fréquent des mains avec du savon et de l’eau est le moyen le plus efficace pour éviter les transmissions.
- Il existe déjà plus de 250 articles scientifiques sur le nouveau coronavirus. L’heure est à la science et à la coopération. En à peine plus d’un mois, 164 articles mentionnant les termes Covid-19 ou SARS-Cov-ont été référencés dans la base de données bibliographique PubMed, qui fait référence pour les sciences biomédicales.
- Il existe déjà des prototypes de vaccins. Notre capacité à concevoir de nouveaux vaccins est spectaculaire. Plus de huit projets ciblant le nouveau coronavirus ont déjà été montés. Certains groupes qui travaillaient sur des projets de vaccination contre des virus similaires au SARS-CoV-2 n’ont eu qu’à réorienter leurs recherches vers ce nouveau virus. Le développement est cependant ralenti par les indispensables tests visant à évaluer la toxicité ou les effets secondaires potentiels des candidats-vaccins, ainsi que leur sécurité, leur immunogénicité (capacité à induire une réponse immunitaire) et l’efficacité de la protection qu’ils confèrent. Plusieurs mois ou années pourraient donc s’avérer nécessaires pour aboutir à un vaccin commercialisable, mais des prototypes sont déjà en cours de mise au point.
- C’est par exemple le cas du vaccin ARNm-1273 de Moderna, virus respiratoire syncytial (VRS, ou HRSV pour Human Respiratory Syncytial Virus), le métapneumovirus humain, le virus parainfluenza de type 3, le virus de la grippe A(H7N9), le cytomegalovirus, le virus Zika ou le virus d’Epstein-Barr.
- La société Inovio Pharmaceuticals a quant à elle annoncé travailler sur un vaccin à ADN synthétique ciblant le nouveau coronavirus. Baptisé INO-4800.
- De son côté, Sanofi utilisera sa plate-forme d’expression de baculovirus recombinantspour produire de grandes quantités de l’antigène de surface du nouveau coronavirus.
- Le « groupe vaccin » de l’Université du Queensland, en Australie, a quant à lui annoncé qu’il travaillait déjà sur un prototype(« molecular clamp »). Cette nouvelle technologie consiste à créer des molécules chimériques capables de maintenir la structure tridimensionnelle originelle de l’antigène viral. Cela permet de produire des vaccins en un temps record, en utilisant le génome du virus.
- Une autre société de biotechnologie, Novavax, a annoncé posséder une technologie permettant de produire des protéines recombinantes assemblées en nanoparticules qui, avec leur propre adjuvant, constituent de puissants immunogènes.
- En Espagne, le groupe de Luis Enjuanes et Isabel Sola, du CNB-CSIC, travaille depuis des années sur les vaccins contre le Coronavirus. Certains de ces prototypes seront bientôt testés chez l’être humain.
10. Plus de 80 essais cliniques concernant des antiviraux sont en cours. Les vaccins sont préventifs. Dans l’immédiat, il est important de mettre au point des traitements permettant de soigner les personnes déjà malades. Plus de 80 essais cliniques visant à évaluer l’efficacité de traitements contre le coronavirus sont en cours. Il s’agit d’antiviraux qui ont été utilisés dans le cadre d’autres infections, qui sont déjà approuvés, et que nous savons sûrs.
Le REMDESIVIR fait partie de ces antiviraux déjà testés ches l’être humain . Cet antiviral à large spectre, toujours à l’étude, a été employé contre Ebola et les coronavirus SRAS et MERS. Il s’agit d’un analogue de l’adénosine. Incorporé dans la chaîne d’ARN viral, il inhibe sa réplication.
- La chloroquine est une autre candidate. Ce médicament antipaludéen s’est aussi révélé avoir une puissante activité antivirale. On sait que la chloroquine bloque l’infection virale en augmentant le pH de l’endosome (une sorte de petite structure sphérique délimitée par une membrane), nécessaire à la fusion du virus avec la cellule, inhibant ainsi son entrée. Il a été prouvé que ce composé bloque le nouveau coronavirus in vitro. La chloroquine est déjà utilisée chez des patients atteints de pneumonie causée par coronavirus.
- Le Lopinavir et le Ritonavir sont deux inhibiteurs de protéase utilisés comme traitement antirétroviral dans la lutte contre le VIH, dont ils inhibent la maturation finale. Étant donné que la protéase du SARS-Cov-2 s’est avérée similaire à celle du VIH, cette combinaisona déjà été testée chez des patients atteints du coronavirus.
- Parmi les autres essais proposés, certains sont basés sur l’utilisation de l’oseltamivir (un inhibiteur de la neuraminidase utilisé contre le virus de la grippe), de l’interféron bêta-1b (une protéine à fonction antivirale), d’antisérums de personnes déjà rétablies ou d’anticorps monoclonaux pour neutraliser le virus. De nouvelles thérapies mettant en œuvre des substances inhibitrices ont aussi été proposées, telle que la baricitinib, un médicament déjà autorisé dans le traitement de la polyarthrite rhumatoïde dont l’efficacité potentielle contre le coronavirusa été identifiée grâce à l’intelligence artificielle.
En 1918, la pandémie de grippe avait fait plus de 25 millions de morts en moins de 25 semaines. Est-ce qu’une telle situation pourrait se reproduire aujourd’hui ? Probablement pas. En effet, jamais dans notre histoire nous n’avons été mieux préparés à lutter contre une pandémie.