Enfant réfugié de la guerre d’indépendance de Croatie, Luka Modric est élu, cette année, le meilleur joueur de la planète. Il a remporté le 63ème Ballon d’Or. Capitaine de Croatie et meneur de jeu avec le Real Madrid, il a fini par détrôner son Co-équipier Cristiano Ronaldo. Un sacre qui est loin de faire l’unanimité. Beaucoup auraient aimé que le trophée tant convoité revienne à un Français après la Coupe du monde gagnée en Russie le 15 juillet dernier.
Le chemin de Modric, 33 ans, avait pourtant commencé bien loin de là, sur les pentes du massif de Velebit qui surplombe l’Adriatique, où ne restent que les ruines calcinées d’une maison du village de Modrici. C’était le gîte de son grand-père, un autre Luka Modric, tué par les forces serbes dans les premiers mois de ce conflit (1991–95) qui devait faire quelque 20 000 morts. Une véritable tragédie.
Alors âgé de six ans, Luka Modric fuit avec sa famille à 40 kilomètres, dans la ville côtière de Zadar. C’est là, dans le fracas des bombes qui s’abattent sur le petit port, que va éclore l’un des plus grands talents contemporains du football européen. « J’avais entendu parler d’un petit garçon hyperactif qui, dans un couloir d’hôtel, ne cessait de taper dans un ballon et dormait avec », se souvient Josip Bajlo, alors entraîneur de l’équipe du NK Zadar.
Le talent du garçon apparaît comme une évidence: « Il était une idole pour ceux de sa génération, un leader, un chouchou. Les enfants voyaient déjà en lui ce que nous voyons aujourd’hui », poursuit l’entraîneur de 74 ans.