Teema, une Marocaine sur les rives du Bosphore

by Abdelhak Najib

Teema est une star en Turquie. La jeune Marocaine ne rate aucune sortie, passe sur toutes les télés et donne des concerts un  peu partout. Elle fait partie désormais des grands noms de la scène jazzy.

 D’abord qui est Teema ?
Je suis une marocaine, née à Kénitra. J’ai vécu pratiquement toute ma vie à Amsterdam, aux Pays-Bas. J’ai été admise au Music school of Amsterdam à l’âge de 11 ans. C’est là que j’ai commencé à chanter avec deux autres filles dans un band. Mais très vite, j’ai décidé de revenir avec d’autres références musicales, plus proches de ma culture orientale et arabe. Le Maroc me colle à la peau et me nourrit, c’est là que j’ai su que je devais tracer ma voie différemment, avec mon style propre, ma culture, comme base pour ma musique. J’ai fait des recherches, je suis revenue aux sources de la musique arabe, pour enrichir ma vision de la musique et surtout avoir une approche très large de ce que sont les sonorités arabes, orientales, marocaine, mêlées à d’autres rythmes.

   

La découverte de l’Egypte a joué un rôle important dans votre carrière aussi ?
Tout à fait. À l’âge de 18 ans, j’ai voyagé en Egypte. Le but de ce passage par le Caire était réellement de découvrir plus de choses sur la musique arabe et les héritages musicaux en Orient. Vous savez, comme beaucoup d’autres j’ai toujours été une grande fan de Jazz, Billy Holiday, Miles Davis, Ella Fitzgerald, Frank Sinatra, pour ne citer que quelques unes des grandes figures qui ont influencé mon oreille et donné un sens à ma façon d’aborder la musique. Mais le plus important pour moi était de mixer le Jazz aux dialectes arabes, quelles que puissent être leurs origines. Cela m’a permis également de donner des performances très particulières avec une réelle identité arabe. Ce qui a toujours plus d’effet sur scène parce que l’auditoire sent que derrière l’artiste, il y a une culture, un vécu, un passé, une identité bien ancrée, mais nourrie à d’autres sources d’inspirations.

Pourquoi avoir choisi la Turquie pour vous installer ?
Cela fait un an que je suis en Turquie. Ce pays est riche de culture et d’histoire. Il y a une telle variété musicale, de nombreuses influences. L’occident et l’Orient se rencontrent ici de belle manière et cela me nourrit beaucoup. J’ai pu rencontrer de grands musiciens avec qui je travaille sur ma façon à moi de faire du Jazz. C’est ici en Turquie que j’ai eu la chance de travailler avec Hüsnü Senlendirici, un grand nom du jazz en Turquie, très connu pour son passage avec son group le Taksim Trio. On fait des concerts arabe-Jazz, cela touche beaucoup de monde et d’autres grands noms de la musique turque sont là et je suis sûre qu’un jour j’aurai la chance de collaborer avec eux.

Qu’est-ce que la musique turque vous apporte dans votre approche du Jazz ?
Vous savez, j’ai toujours aimé la musique turque. Enfant, j’en jouais, j’en chantais, chez nous à Amsterdam, qui est une ville où il y a une grande communauté turque. Ma mère s’est remariée avec un Turc, vous imaginez le mélange des cultures et la richesse du répertoire chez nous à la maison. Mes frères et soeurs sont à moitié turcs. J’aime cette culture comme j’aime ma culture marocaine et arabe dont je suis fière et qui me porte toujours. Ce sont mes assises. Alors ma venue en Turquie était toute naturelle. J’y ai de la famille, je connais cette langue, cette culture et cette histoire et la rencontre avec mon identité marocaine, me donne encore plus de force et rend ma musique meilleure.

Parlez-nous de vos performances et de vos succès ?
J’ai toujours chanté dans de grands festivals aux Pays-Bas. L’un des grands moments de ma carrière a été de chanter avec The Great Metropole Orchestra(live Tv) au Royal Concert Hall (concertgebouw). J’ai aussi chanté avec les NBE blazers ensemble, Konrad Koselleck Big Band, 5, pour ne parler que de quelques rendez-vous importants pour moi. Mais j’ai toujours aimé chanter en arabe et en marocain, pour marquer mon ancrage dans ma culture arabe et marocaine. Ma chanson préférée sur scène est : ‘Sabah El Hob’. L’origine de la musique est brésilienne. Elle date de 1959, mais je l’ai remise au goût du jour, en arabe. Mais j’ai d’autres titres qui marchent très fort comme « Talat Ayaam » ou encore « Syria ». Je serai heureuse de chanter chez moi au Maroc, dans un festival de Jazz. Il y en a au Maroc qui sont de très bonne facture, un jour j’en ferai partie.

 

   

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