C’est un événement que les mélomanes marocains n’attendaient plus. Le 11 avril prochain, le Théâtre Mohammed V de Rabat vibrera au son d’une voix qui a marqué l’histoire de la musique arabe : Abdelwahab Doukkali. À 83 ans, le doyen de la chanson marocaine renoue avec la scène après une longue parenthèse, offrant à son public un concert annoncé comme « historique » – et les mots ne semblent pas trop forts.
L’annonce a résonné comme un doux frisson de nostalgie. Car Doukkali, c’est une carrière de plus de six décennies, jalonnée de chefs-d’œuvre tels que « Mana Illa Bachar », « Marsoul El Houb », ou encore « Kan ya makan », autant de titres qui ont bercé des générations entières, mêlant poésie, virtuosité musicale et profonde humanité. Pour ce retour en majesté, il sera accompagné d’un orchestre fusionnant instruments traditionnels et arrangements modernes, dans une mise en scène visuelle soignée, portée par des jeux de lumières et des effets artistiques pensés comme une expérience immersive.
Soutenu par le ministère de la jeunesse, de la culture et de la communication, ce concert incarne également une volonté de célébrer et transmettre le patrimoine musical national. Doukkali, lui, n’a jamais cessé d’incarner cette exigence artistique : son œuvre transcende les époques, mêlant musique classique arabe et expérimentations audacieuses. Son palmarès impressionne autant que sa longévité : disque d’or, multiples Grands Prix des festivals marocains et arabes, distinction du Vatican, reconnaissance par le magazine Al Majalla comme personnalité arabe de l’année 1991… La légende n’est pas une formule, elle est son quotidien.
Ce concert ne sera donc pas un simple retour, mais une célébration. Celle d’un artiste dont chaque note porte la mémoire d’un pays, d’une culture, et d’une époque où la musique savait émouvoir, sans artifices. Une soirée de retrouvailles, mais aussi de transmission, pour rappeler qu’en Abdelwahab Doukkali, le Maroc possède un trésor vivant, rare, et toujours vibrant.