À Sumatra, en Indonésie, les Orang Rimba se sont calfeutrés au plus profond de la forêt pour se protéger du nouveau coronavirus. Une pratique ancestrale essentielle à la survie de ce peuple, comme nous le relate nos confrères de l’hebdomadaire Courrier International.
Les communautés d’Orang Rimba, littéralement «les Gens de la forêt», qui vivent à l’intérieur des terres de la province de Jambi à Sumatra, possèdent une tradition très ancienne en matière de protection. Ils l’appliquaient bien avant les exhortations à garder une distanciation sociale lancée depuis le début de l’épidémie de Covid-19. Les Orang Rimba appellent cette coutume «besesandingon», ou comment se protéger des personnes malades ou soupçonnées de l’être.
Ainsi, à l’annonce de la pandémie, plusieurs chefs de ce peuple traditionnellement nomade ont pris très rapidement des mesures. Ils ont emmené les personnes de leur groupe qui campaient à la lisière de la forêt se réfugier au fin fond du parc national de Bukit Duabelas. L’objectif étant de les mettre à l’abri de la menace d’une propagation du virus. L’un d’eux, Bepayung, raconte que cette attitude perdure depuis des générations.
Quand des Orang Rimba rentrent de la ville ou d’un village à l’extérieur de la forêt, ils ne retrouvent pas immédiatement leur famille. Ils sont mis en quarantaine dans une «sudung», une simple cabane recouverte d’une bâche. Cette dernière est située à au moins 200 ou 500 mètres des plus proches habitations des autres familles.
Ainsi, si les nouveaux arrivants ont contracté une maladie au cours de leur voyage, ils ne contamineront pas leurs proches. Après une semaine, s’ils ne montrent aucun signe de maladie, ils peuvent rejoindre leur famille. Les Orang Rimba appliquent strictement cette politique de restrictions coutumières au sein de leur groupe.
En raison de l’ampleur de l’impact des maladies contagieuses sur la vie des Orang Rimba, un accord existe selon lequel chaque groupe se doit d’informer les autres groupes en cas d’infection d’un de ses membres. Ceci pour se protéger mutuellement, mais aussi pour que le malade reçoive nourriture et assistance médicale.
Aussi, si un Orang Rimba cache qu’il est infecté, il peut être condamné à une amende de deux pièces de tissu. Si la contamination entraîne la mort d’une autre personne, l’amende peut aller jusqu’à 500 pièces de tissu. Pour éviter d’être frappé par une telle sanction, le malade accepte de s’isoler temporairement.