Une bande dessinée permettant de retracer le destin de Suzanne Noël, première femme à pratiquer en France la chirurgie esthétique moderne au début du XXème siècle, telle est le nouvel ouvrage de Leïla Slimani, réalisé conjointement avec le dessinateur Clément Oubrerie et baptisée «A mains nues»(Tome 1), à paraître le 4 novembre courant via la maison d’édition française «Les Arènes».
Autrice à succès plébiscitée par la critique et par les lecteurs, dont le roman «Chanson douce» s’est vu décerner le prix Goncourt 2016, Leïla Slimani a fait cause commune avec Clément Oubrerie, dessinateur, scénariste et réalisateur français pour rendre hommage à une femme qu’ils estiment, tous deux, exceptionnelle, en la personne de Suzanne Noël. Un médecin qui redonnait un visage aux «gueules cassées», appellation attribuée aux survivants de la Première Guerre mondiale ayant subi une ou plusieurs blessures au combat et affectés par des séquelles physiques graves, notamment au niveau du visage. Autant dire que Leïla Slimani s’est prise d’intérêt pour le destin de cette femme.
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Jeune provinciale qui a épousé un médecin de 10 ans son aîné, Suzanne Noël est allée vivre à Paris où la vie bourgeoise l’ennuyait quelque peu. Elle entreprend alors de devenir médecin, tout comme son époux, se prenant de passion pour la chirurgie esthétique. Elle en fut d’ailleurs une pionnière en la matière. Une femme qui, par ailleurs, se voulait une fervente féministe, acquise au droit des femmes. Pourquoi avoir choisi la BD plutôt que le roman pour relater cette histoire ? Leïla Slimani, qui n’en est pas à son premier coup d’essai (elle qui avait adapté sous forme de bande dessinée son livre «Sexe et mensonge», illustré par Laetitia Coryn sous le titre «Parole d’honneur»), a trouvé l’idée très intéressante, sa maison d’édition ayant été, elle aussi, emballée par ce projet.
Toujours est-il que la romancière franco-marocaine est revenue plus en détail dans un entretien accordé à nos confrères de Paris Match sur l’héroïne de sa nouvelle bande dessinée. Une interview croisée avec le docteur Déborah-Eve Seroussi, spécialiste en chirurgie plastique et reconstructrice. L’occasion pour ses deux femmes de livrer plus en détail leur appréciation sur le destin de Suzanne Noël, héroïne de cette nouvelle BD.
A la question de savoir pourquoi s’être intéressée à Suzanne Noël, Leïla Slimani répond en substance qu’elle avait à cœur de mettre sous le feu des projecteurs le destin, et surtout le parcours, de Suzanne Noël. «Un homme avec un destin pareil serait devenu célèbre… J’ai eu envie de lui donner vie, de la voir exister dans ce Paris des années 1910 puis 1920, sur fond de Première Guerre mondiale et de grippe espagnole», dira-t-elle à nos confrères. Quant à Déborah-Eve Seroussi, elle précise qu’elle devait avoir 20 ans quand elle a découvert le parcours de Suzanne Noël. «A un siècle d’écart, j’ai l’impression d’avoir vécu la même chose. Il y a cent ans, il y avait une seule chirurgienne plasticienne. Aujourd’hui, nous sommes environ 240 femmes sur 1 000, c’est peu. La vocation n’est pas un mythe».
Plus de détail à travers la lecture de cette interview réalisée par nos confrères de Paris Match, disponible sur leur site web parismatch.com à la rubrique culture/livres.