Depuis sa naissance en Angleterre, le football ne cesse de faire tourner la tête de la planète et celle de ses foules. Du jeu ludique aux enjeux financiers et géopolitiques qui donnent le tournis. Règles, établies au XIXe siècle, rituels, passion sinon folie. A l’air des chaines et radios thématiques, des retransmissions en live, de l’appel aux divers spécialistes….le foot à l’air de devenir la religion planétaire par excellence ! Religion qui transcende identités et frontières. Drogue et moyen de détourner l’attention pour les uns, fête qui uni et réuni les êtres humains au-delà de leurs identités, nationalités et couleur pour les autres. Une chose est sur. Il ne laisse plus personne indifférent.
La participation du Maroc à la dernière coupe mondiale, avec une équipe cosmopolite et composite, a fait couler beaucoup d’encre. Historiens, sociologues, économistes, politiques…ont essayé, à coup de textes et d’analyses, de décortiquer les enjeux et les multiples significations d’un événement. Delà l’importance de l’exposition « Kourtna » et de la mise sur pieds du Musée national du Football.
De « Sourtna » à « Kourtna »
Le musée national de la photographie avait inauguré son ouverture en 2020 par l’exposition « Sourtna » (notre image), curatée par Yorias. Accrochage suivi, en 2021, par « regards sur la jeune scène photographique marocaine » et en 2022 « femmes photographes ».
« Kourtna » se présente comme une exposition originale dédiée à la passion des Marocains pour le foot. Mehdi Qotbi, président de la Fondation Nationale des musées, note à ce propos que « c’est une exposition immersive dans un souvenir commun, celui d’une joie immense quia régnée dans tout le royaume et a été partagée dans le monde entier, suite au succès historique des lions de l’Atlas. » Les images de Nizar Laajali, Mourad Feddouache, Issam Chorrib, Noura Akerraz…immortalisent Qatar 2022, le grand moment marocain.
Mais « kourtna », conçue et curetée par Souifiane Er-rahoui, conservateur du Musée National de la photographie, épaulé par Selma Ennajimi, Lyna ben Moaz Slimani Hassani et les équipes de la FNM, nous embarque ailleurs.
Outre cette passion dévorante, partagée par une large partie du peuple marocain, illustrée par la magnifique photo de l’affiche, signée Jamal Mehssani, le parcours, en trois actes, nous dévoile les créations inspirées de nos jeunes photographes.
Après les images réalistes et humanistes de jamal Mehssani, notamment celles des matchs disputés par des non-voyants, on déambule de salle en salle, de couloir en couloir du Fort Rothenburg à la découverte d’images, installations, vidéos, dédiées ou inspirées du ballon rond.
Inès Benallou, dans des auto-poses, évoque ses réminiscences, sa passion hélas inassouvie. Mohamed El Baz mit en scène des personnages connus, ses amis en djellaba numérotées qui prient, sur un toit casablancais, le dieu du foot ! Youssef Ouchra installe son installation Suspended Memory 2023. Simohamed Fettaka nous fait jouer avec ses personnages décalés du baby-foot. Ils empruntent les figures de Platon, Marx, Lénine, Bob Marley et autre Ben Laden. Comment ne pas être interpellé par le travail conceptuel d’Amine Oulmakki ? Les vibrations de cris de supporters sur une surface aquatique que l’artiste présente sous forme circulaire. Quant le ballon rond se confond avec la planète terre ! A méditer. Toujours cette ferveur avec le dytique où l’on admire une dame qui prie dans une salle isolée tandis qu’un écran de télé diffuse un matche au salon d’à côté. A chacun sa prière ! Et Azzedine Ounahi ou l’insoutenable solitude du tireur de penalty, immortalisée par Younes Hamdani.
« kourtna », sollicitée par plusieurs institutions, finira certainement dans les collections du futur Musée National de La photographie.
Vivement l’ouverture
Vendredi 7 juillet 2023, la veille de la finale de la coupe d’Afrique des nations de football de moins de 23 ans, une délégation de la CAF, accompagnée de Fouzi Lekjaa et Mehdi Qotbi, visitait le fleuron de la Maâmora, l’Académie Mohammed VI, et son Musée du football, en plein travaux.
C’est en mois de mars 2022 qu’une convention fut signée par le président de la Fondation nationale des musées, Mehdi Qotbi, et le président de la fédération Royale Marocaine du football, Fouzi Lekjaa, pour mettre en place un cadre de coopération et de partenariat pour la création et la gestion du Musée nationale du football. Situé dans l’enceinte dans l’un des plus beaux sites footballistique de par le monde, le nouveau musée qui sera géré par les équipes de la FNM se veut un haut lieu de mémoire. A l’instar des musées dédiés au sport et au foot en particulier dans les capitales mondiales (exemple du Musée du sport de du foot bool national et international de Paris), le MNF à l’ambition de réunir, d’étudier et de conserver l’histoire et la mémoire du ballon rond au Maroc. Une aventure commencée en 1906. Et dieu saut que depuis le nombre de documents, en tout genres et divers supports, sont incalculables !
Des images, des affiches, des films, des vidéos, les trophées, les médailles, les ballons, les tenues…l’ensemble dans des scénographies ludiques qui font appel aux multimédias et à l’interactivité qui donne avoir aux visiteurs, au-delà de l’aspect sportif, les implications historiques, culturelles et sociétales.
C’est dans cet esprit que le futur musée sera doté d’un centre de recherche et de documentation. A ce propos une convention fut signée par trois partenaires : Fouzi Lekjaa, président de la FRMF, Mehdi Qotbi, président de la FNM et Mohammed El Ferrane, directeur de la Bibliothèque Nationale du Royaume du Maroc. Un centre ouvert aux divers spécialistes pour réunir et écrire l’histoire du football au Maroc. Les clubs, les journalistes sportifs, les historiens, les personnalités et leurs familles (H exemples Hassan Akesbi, Benjelloun Touimi..), sont appelés à mettre à la disposition du Musée et de son centre ce qu’ils possèdent comme archives. Ils contribueront ainsi à l’écriture d’une histoire et à la sauvegarde d’une part intégrante de la mémoire nationale.
Vivement l’ouverture.