Gisèle Halimi : la voix des femmes s’en est allée

by La Rédaction

Avocate française, femme politique et écrivain, Gisèle Halimi est décédée le 28 juillet courant à 93 ans. Elle a fait de sa vie un combat pour le droit des femmes, marqué par un procès retentissant en 1972 qui a ouvert la voie à la légalisation de l’avortement en France.

Née Gisèle Taïeb le 27 juillet 1927 dans une famille modeste à La Goulette, en Tunisie, elle est très bonne élève et ne manque pas de caractère.  Enfant, elle est témoin en 1938 de la répression sanglante à Tunis lors d’une manifestation favorable à l’émancipation des Tunisiens. Un épisode qui, dira-t-elle, la marquera durablement. Ainsi, elle deviendra par la suite une des avocates de la cause anticoloniale. Licenciée en droit et en philosophie à Paris, élève de Sciences-Po, la jeune femme s’inscrit au barreau de Tunis en 1949 et défend des syndicalistes et des indépendantistes tunisiens.

   

C’est là le premier volet de sa carrière professionnelle, poursuivi à Paris et en Algérie où elle devient l’un des principaux avocats des militants du Front de libération nationale (FLN). Elle dénonce l’usage de la torture par les militaires français, ce qui lui vaudra une arrestation et une brève détention. En 1971, elle fonde « Choisir la cause des femmes», aux côtés notamment de Simone de Beauvoir et Jean Rostand. Amie de Jean-Paul Sartre, elle prendra la présidence de cette association à la mort de Simone de Beauvoir (1986). Elle est une des signataires du retentissant manifeste des 343 femmes disant publiquement avoir avorté (1971).

Élue députée en 1981, elle poursuit le combat à l’Assemblée, cette fois-ci pour le remboursement de l’interruption volontaire de grossesse, finalement voté en 1982. Elle devient en 1985 et 1986 ambassadrice de France auprès de l’UNESCO. Parallèlement, elle a mené une carrière d’écrivain. Parmi sa quinzaine de titres figurent «Djamila Boupacha» (1962), et une œuvre plus intimiste comme «Fritna», sur sa peu aimante mère (1999), «pratiquante juive totalement ignorante». Mère de trois garçons, elle a confié qu’elle aurait aimé avoir une fille pour «mettre à l’épreuve» son engagement féministe.

   

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