Ils ont recréé le loup géant préhistorique : la science aux portes de la fiction

by La Rédaction

Le 7 avril 2025, la start-up américaine Colossal Biosciences a annoncé une avancée scientifique majeure : la naissance de trois louveteaux génétiquement modifiés, Romulus, Remus et Khaleesi, censés incarner la résurrection du loup géant préhistorique (Canis dirus), disparu il y a environ 12 500 ans. Cette annonce, bien que spectaculaire, soulève des questions éthiques et écologiques quant aux implications d’une telle entreprise.

Pour parvenir à ce résultat, les scientifiques de Colossal ont extrait de l’ADN ancien à partir d’une dent vieille de 13 000 ans et d’un crâne datant de 72 000 ans, appartenant à Canis dirus. En utilisant la technologie CRISPR-Cas9, ils ont identifié et modifié 20 gènes spécifiques du loup gris moderne (Canis lupus) pour reproduire des caractéristiques physiques du loup géant, telles qu’une taille plus imposante, un pelage blanc épais et des mâchoires puissantes. Les embryons ainsi créés ont été implantés dans des chiennes domestiques, aboutissant à la naissance de ces trois louveteaux.

   

Le résultat est saisissant : ces animaux affichent des traits archaïques, mais sont-ils pour autant de véritables loups géants ? De nombreux scientifiques restent prudents. Vincent Lynch, biologiste de l’Université de Buffalo, insiste sur le fait qu’il ne s’agit pas de Canis dirus à proprement parler, mais de loups gris génétiquement altérés pour en imiter certaines caractéristiques. En somme, une reconstitution partielle, mais loin d’être une résurrection complète.

Au-delà des limites scientifiques, c’est surtout l’impact écologique potentiel de ces expérimentations qui inquiète. Réintroduire un prédateur disparu dans un écosystème moderne peut bouleverser des équilibres établis depuis des millénaires. De plus, ces animaux n’ont jamais vécu à l’état sauvage : ils ignorent tout des codes sociaux, des méthodes de chasse, ou des stratégies de survie de leurs ancêtres. Leur existence, aujourd’hui, tient davantage du prototype que du renouveau biologique.

Cette naissance spectaculaire s’inscrit dans une dynamique plus large de “dé-extinction” portée par Colossal Biosciences, qui rêve aussi de ramener à la vie le mammouth laineux ou le tigre de Tasmanie. Des projets à la fois fascinants et dérangeants, qui interrogent notre rapport au vivant, à l’histoire naturelle, et à l’idée même de frontière entre science et science-fiction. Si l’innovation semble n’avoir plus de limites, la prudence, elle, reste de mise.

   

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