La marque française Lacoste se trouve une nouvelle fois au cœur d’une controverse politique majeure. En cause, la commercialisation du modèle “Polo L.12.12 Planisphère” orné d’une carte du monde où le Maroc et le Sahara occidental apparaissent séparés. Cette représentation, jugée offensive par de nombreux Marocains, a provoqué un tollé sur les réseaux sociaux et relancé un débat délicat autour de la souveraineté territoriale du royaume.
Le mouvement nationaliste marocain Moorish, très actif en ligne, a été parmi les premiers à pointer du doigt ce design controversé. Sur la plateforme X (anciennement Twitter), le groupe a appelé à un boycott massif de la marque tant que cette “erreur” ne serait pas corrigée. Pour les Marocains, l’intégrité territoriale du royaume, y compris le Sahara, reste une question hautement sensible, régulièrement mise en avant par la diplomatie et relayée par les citoyens.
Une récidive qui interpelle
Cette polémique n’est pas la première pour Lacoste. Déjà en 2023, le même polo avait suscité un débat enflammé au Maroc, obligeant la marque à présenter des excuses officielles et à retirer le produit de ses boutiques. À l’époque, le ministre marocain de l’Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, s’était personnellement impliqué dans l’affaire, soulignant l’importance stratégique du marché marocain pour Lacoste, qui y compte 28 points de vente. Pourtant, cette version de la carte reste disponible à l’international, dans des pays comme les États-Unis ou la Pologne, où les sensibilités territoriales diffèrent.
Cette persistance a soulevé des critiques non seulement au Maroc, mais aussi à l’étranger. Certains, comme l’avocat d’origine algérienne Salim Djellab, ont salué cette carte comme un respect des frontières reconnues par le droit international. Une prise de position qui a ajouté une dimension géopolitique au débat, en exacerbant les tensions déjà vives entre le Maroc et l’Algérie autour de la question saharienne.
Une vigilance cartographique renforcée
Dans un contexte où les cartes géographiques deviennent des outils politiques, le Maroc a renforcé sa vigilance, que ce soit dans les médias, les produits commerciaux ou les déclarations officielles. Des “ratés” similaires ont régulièrement fait surface. En mai 2024, une carte tronquée diffusée par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou avait provoqué un tollé avant que des excuses ne soient présentées. En 2021, la compagnie aérienne EasyJet avait également été critiquée pour une carte jugée offensante.
Plus récemment, des résidents marocains à Dubaï ont dénoncé un commerçant algérien utilisant une carte incorrecte sur son food-truck, soulignant l’omniprésence de ce sujet. L’incident, bien que local, montre l’ampleur de la sensibilité territoriale dans la région et le rôle amplificateur des réseaux sociaux dans ces querelles symboliques.
Une leçon pour les marques internationales
Cette affaire rappelle que, dans un monde globalisé, les entreprises doivent intégrer les spécificités culturelles et géopolitiques dans leur stratégie. Au Maroc, les cartes ne sont pas de simples outils graphiques, mais un reflet des luttes diplomatiques et identitaires du pays. Pour Lacoste, cette réédition controversée pourrait coûter cher, tant en termes d’image qu’au niveau commercial, dans un marché où les consommateurs se montrent de plus en plus intransigeants.