Triste nouvelle ce dimanche 25 septembre. Aicha Chenna, notre Mère Teresa à nous, s’est éteinte hier matin à l’âge de 81 ans.
Ayant consacré la moitié de sa vie au soutien des mères célibataires et des enfants abandonnés, elle était vraiment l’icône de la lutte pour le droit des femmes.
Présidente fondatrice de l’Association Solidarité féminine (ASF), elle avait publié aux éditions Le Fennec le livre «Miseria», un recueil «d’histoires de victimes (petites bonnes maltraitées ou enfants abandonnés) qui a marqué l’opinion marocaine».
Sa disparition a en tous cas suscité une véritable vague d’émotions et une pluie d’hommages chez les politiques, artistes, militants et tous ceux qui l’ont connu de près ou de loin. « Une militante inlassable pour les droits de l’enfance et une icône admirable dans le soutien aux enfants abandonnés », a écrit le secrétaire général du PPS, Nabil Benabdallah.
Selon l’universitaire et chercheuse en sciences sociales, Soumia Nouamane Guessous, « le Maroc a perdu aujourd’hui une des icônes du militantisme en faveur des droits des femmes. Les réalisations de Aïcha Ech-Channa, connue pour son grand coeur, resteront à jamais un motif de fierté pour tous les Marocains ».
La forte implication et persévérance de la défunte lui avait même valu d’être décorée de la Légion d’honneur a rappelé pour sa part l’ambassadrice de France au Maroc sur le départ, Hélène Le Gal, qui a réagi avec « tristesse » à la disparition d’une « grande dame ». « Une grande combattante des droits des femmes et un grand cœur, tenace et pionnière », a tenu à souligner pour sa part Driss El Yazami ancien président du Conseil National des Droits de l’Homme.
Un témoignage à son égard de la non moins regrettée sociologue et écrivaine Fatima Mernissi, décédée en 2015, a notamment été repris sur les réseaux sociaux. « Moi, j’ai peur de Aïcha Ech-Chenna, non pas parce qu’elle a une autorité sur moi, mais justement parce qu’elle n’en a aucune. J’ai peur de cette femme parce qu’elle ne parle que pour dire la vérité, et j’ai réalisé que de nos jours, nous vivons dans un Maroc où peu de gens gagnent leur vie en disant la vérité. Nous passons notre temps à nous dire tout, sauf nos vérités. », disait-elle.
Jamel Debbouze n’est pas en reste et lui également rendu hommage sur son compte Instagram, et lui a déclaré, sous une photo en noir et blanc : « Tu as passé ta vie à nous montrer la voie. Merci. Grâce à toi on sait ! Paix à ton âme ».
Aicha Ech-Chenna : Présidente de l’association Solidarité féminine
“ Le Maroc ne va pas évoluer sans les hommes, il ne faut pas se leurrer. Même par rapport à la Moudawana. Si l’homme n’est pas, lui aussi intégré, dans la lutte contre l’injustice, rien ne peut changer. Il faut l’intégrer et l’amener à réfléchir à des solutions aux côtés de la femme. Il est vrai qu’il est têtu et que l’éducation, qui des fois, lui est inculquée laisse à désirer. J’ai connu des femmes qui, lorsque leur fils rentre du travail lui demandent de battre sa femme. Donc, qui va nous préparer l’homme de demain ? Tout simplement, la femme. Les mères doivent apprendre aussi bien à leurs filles qu’à leurs garçons le respect de l’un et de l’autre. Si l’homme devient violent, c’est parce qu’il est issu d’un milieu violent. Il faut aussi préparer nos filles à faire attention au courant de la passion. C’est pour cela que l’éducation sexuelle est très importante dans l’éducation de nos filles et de nos garçons. Certes, les professeurs inculquent des cours scientifiques, malheureusement, ils ne suffisent pas et ne sont pas assez explicites pour préparer les jeunes à cette expérience. En tant qu’être humain, nous devons faire évoluer les choses positivement. ”