Aujourd’hui Lundi 23 mars 2020, près d’un milliard de personnes sont confinées dans le monde. C’est dire que ce que nous vivons dépasse la crise, il s’agit d’un choc.
Tout d’abord, j’aimerais rendre hommage, exprimer mon admiration et soutien à toutes les personnes impliquées de près ou de loin dans la gestion de la situation la semaine dernière au Maroc : Au niveau stratégique, Sa Majesté le Roi Mohammed VI, qui a privilégié la vie des marocains ainsi que les décideurs qui l’entourent. Au niveau opérationnel, les médecins, le personnel soignant, le corps sécuritaire, les institutions publiques concernées qui ont communiqué avec professionnalisme mais aussi, on les oublie souvent, les journalistes qui étaient submergés d’informations. Je voudrais également rendre hommage aux millions de marocains anonymes qui chacun, individuellement, devait prendre des décisions courageuses. Aux chefs d’entreprises qui ont privilégié la santé de leurs employés, à ceux qui ont des revenus quotidiens, à tous ceux qui devaient continuer à produire (quand ils le pouvaient) malgré une inquiétude planétaire et un manque de visibilité sur nos lendemains.
Aujourd’hui, certes, nous avons perdu notre innocence. Tout ce qui nous semblait acquis ne l’est plus. Mais en même temps, c’est une merveilleuse opportunité pour nous redéfinir. Dans une période d’incertitude comme celle-ci, se poser les bonnes questions nous permet de dessiner des tendances. Analysons-les ensemble à l’échelle mondiale, puis à l’échelle du Maroc. Car si la gestion de la première étape était irréprochable, comme l’a souligné notre confrère Tel-Quel ; cette étape n’est pas encore terminée, et il faudra déjà se préparer pour les ondes du choc :
Le rôle des États ?
Dans sa chronique hebdomadaire publiée dans le New York Times, Thomas L. Friedman, auteur de l’ouvrage « le monde est plat », parie sur le retour des experts et du rôle de l’État profond en temps de crise. Il explique comment les pays qui ont une histoire pleine de famines, catastrophes naturelles et guerres sont ceux qui seraient aptes à s’en sortir le mieux. Le Royaume du Maroc est l’une des plus vieilles monarchies du monde, fondé il y a 12 siècles. Ce qui s’est passé la semaine dernière relève, certes, de plusieurs talents inconnus ayant participé à cette dynamique mais aussi d’un réflexe de l’état profond ayant acquis une expérience de plusieurs siècles.
Dans un scénario idéal, les médecins reprendront leurs places stratégiques pour le bon fonctionnement d’une société ainsi que les scientifiques. Par conséquence l’éducation, la connaissance, la culture et le capital immatériel de manière générale se retrouveront au premier plan. L’appareil sécuritaire reprendra son rôle social. Des notions jusqu’ici prises comme vérités indiscutables seront remises en question, comme la croissance, le développement, les ressources humaines avant les ressources financières…Autant dire que les états qui s’en sortiront, seront ceux qui opteront pour un changement radical des paradigmes actuels. La suite dépendra du poids de ces états face à ceux qui, en prenant en compte encore des considérations du monde capitaliste d’avant, opteront pour la brutalité justifiée par le manque de ressources que connaîtra le monde. On rentrerait ainsi dans une rationalisation des ressources au profit de l’humain au lieu de la course vers les ressources financières. La coopération internationale, qui a failli à sa mission ces dernières années, se trouve défiée soit à revenir à sa mission initiale dans le scénario idéal, soit à sa disparition dans un scénario de conflits de survie des états.
Le rôle des entreprises ?
Aujourd’hui plus que jamais, l’entreprise est appelée à jouer son rôle de Responsabilité Sociale. Vécue avant comme une greffe extérieure imposée par la prise de conscience des citoyens. Les entreprises sont appelées à intégrer pleinement la RSE dans leur ADN.
Le cabinet américain Edelman a publié le Trust Barometer spécial Covid-19. L’étude révèle que la communication de l’employeur était la source la plus crédible dans 10 pays pendant la semaine du 6 au 10 Mars.
Les entreprises feront face à plusieurs défis dont l’impact sur la chaîne d’approvisionnement ce qui nécessitera de repenser cette dernière. Annoncé par le secrétaire au trésor, le taux de chômage aux états unis pourrait atteindre 20 % contre 3,5% en février 2020.
L’écart de richesse va se creuser davantage. Mais la suite dépendra de la volonté de redistribution de ces richesses de manière équitable pour la survie de tous.
Le rôle de l’individu ?
Pour une fois que la suite dépend du rôle que jouera chacun d’entre nous, comme dans une ruche ou une fourmilière.
Pour une fois que chacun peut jouer un rôle stratégique pour bâtir le nouveau monde de demain.
Assumons notre rôle qui est simple : retrouver l’humain en nous.
Accepter qu’on ne contrôle pas grand-chose sauf notre attitude.
Se rappeler que le social distancing pour lequel on opte est celui qui implique plus de compassion, d’empathie et d’altruisme.
Sinon la nature reprendra ses droits.
Peut-être, espérons-le, que ce n’est qu’un avertissement de mère nature.
Aujourd’hui, je n’ai qu’une certitude : Soit on s’en sortira plus humain ou pas.