Dans une récente intervention sur CNews, datant du 6 novembre, Philippe de Villiers partage des anecdotes fascinantes d’une audience privée avec le défunt roi Hassan II du Maroc, révélant des échanges profonds sur des sujets cruciaux pour l’identité et l’avenir de la France et de l’Europe. De Villiers, ancien ministre et écrivain, se remémore avec émotion cette rencontre, marquée par un respect mutuel et une connexion culturelle rare. Ce moment privilégié a eu lieu dans le cadre de ses activités en tant que président du Conseil général de la Vendée, notamment à travers des initiatives de coopération internationale avec le Maroc dans les domaines de l’eau et de l’environnement.
Le roi Hassan II, reconnu pour son éloquence et sa connaissance de la langue française, n’a pas hésité à exprimer ses réflexions visionnaires, notamment à propos du traité de Maastricht. Selon Philippe de Villiers, Hassan II percevait ce traité comme une menace pour la souveraineté française et pour l’équilibre culturel de l’Europe. Il craignait que ce centre de gravité européen ne bascule vers l’Allemagne, s’éloignant ainsi de l’influence historique de la France pour se rapprocher des sphères anglo-saxonnes et américaines. Hassan II voyait là un risque de distanciation de la France par rapport à ses racines culturelles et affectives.
Cette audience fut également l’occasion d’aborder les relations franco-marocaines, et Hassan II a exprimé sa vision bienveillante de figures historiques telles que le maréchal Lyautey, une figure de l’époque coloniale, perçue avec une certaine admiration au Maroc. Ce regard nuancé sur l’histoire démontre la profondeur de la pensée de Hassan II, qui distinguait clairement les aspects culturels et historiques d’une politique de colonisation souvent rejetée ailleurs.
Au-delà de l’aspect diplomatique, la discussion s’est orientée vers une analyse critique des politiques d’assimilation et d’intégration en France. Hassan II a partagé sa préoccupation quant à l’abandon progressif de l’assimilation, un pilier de la cohésion nationale selon lui. Il voyait dans ce choix le risque d’affaiblir la continuité historique de la France et de diluer son identité. De Villiers interprète ces propos comme une forme de prémonition sur les défis actuels de l’Europe en matière de gestion des identités et des communautés.
Ce témoignage de Philippe de Villiers met en lumière une vision prophétique de Hassan II sur les transformations sociales et culturelles en Europe, et sa défense de l’assimilation comme gage de stabilité nationale. Ce récit offre une réflexion précieuse sur la manière dont les choix politiques et identitaires peuvent influencer durablement les sociétés.