Les systèmes, les syndromes et les symptômes de la C.A.N

by La Rédaction

Qui veut voyager loin…

C’est mercredi dernier, 17 janvier 2024, que les Lions de l’Atlas étaient programmés pour débuter en Coupe d’Afrique des Nations de Côte d’Ivoire où ils avaient à rencontrer la Tanzanie à San Pedro. La CAN 2024 (ou 2023, c’est comme vous voulez) ayant été ouverte somptueusement quelques jours auparavant à Abidjan : belle cérémonie d’ouverture et surtout 3 points remportés par les « locaux », cette sélection ivoirienne qui jouait très gros car dans toute compétition continentale ou mondiale, l’on retient d’abord la victoire de ses représentants. Par cette victoire des Éléphants, en match d’ouverture, la CAN a déjà « réussi » pour le pays organisateur, plus que par tous les travaux et les efforts consentis. Quant au budget dépensé pour la CAN, l’opinion publique en aurait fait ses choux gras pour railler et ironiser sur le pays. Le football, dit « opium du peuple », agit aussi comme onguent sur bien des cicatrices sociales et politiques. Aucun régime au monde ne peut se passer de l’impact du résultat de ses représentants sportifs. Ceci dit, pour rester en Côte d’Ivoire et sa C.A.N, la victoire en ouverture, même sur la modeste Guinée Bissau (2-0) a permis aussi pour jeudi (hier), que le choc face au Nigéria soit attendu avec plus de sérénité par le bon public du stade d’Abidjan, surtout que le Nigéria a calé lors du 1er match (1-1 face à la Guinée Equatoriale)

   

> L’éclat du Sénégal confirmé aujourd’hui ?

La contreperformance nigériane (a-t-elle été confirmée hier ?) aura, répétons-le, donné la sérénité aux Ivoiriens. Les 3 points les laissent sur une bonne dynamique, car ils permettent de gérer l’avenir. À moins d’un « accident », la qualification au 2ème tour est carrément acquise. Cette quiétude est celle aussi du Sénégal, champion d’Afrique en titre, qui a explosé lundi au visage de son voisin, la Gambie (3-0). Sadio Mané et les siens sont bien partis pour la suite. Algérie, Tunisie, Egypte, Cameroun et Ghana présentés comme solides doivent déjà songer à comment gérer la suite, ce fameux 2ème match pour rester en course. 2ème match qui, pour le Cameroun, l’oppose dès aujourd’hui, vendredi, au Sénégal. Les Lions de la Teranga auront l’occasion de rayer de l’Histoire les Lions Indomptables. Bien sûr, les Camerounais vendront chère leur peau mais les Sénégalais, à nos yeux, vont confirmer leur bonne forme physique et morale. C’est l’occasion ou jamais pour eux de vraiment entrer dans la cour des grands. Aujourd’hui, vendredi, se joue une belle partie qui en dira long, très long, sur les ambitions du champion sortant. Surtout que l’on sait ce matin, de quoi ont « accouché » les matches d’hier Côte d’Ivoire–Nigéria et Egypte–Ghana.

> Et le Onze National dans tout cela ?

Que le Onze national du Maroc ait joué en dernier les matches du 1er tour a laissé, à tous, le temps de gamberger et de dire un peu de tout et n’importe quoi, surtout quand les soi-disant favoris ne se sont pas imposés. Et quand l’Afrique du Sud a été pilonnée par le Mali et que le Ghana a été battu par le Cap-Vert, tous ont été d’accord pour être unanimes et répéter le vieux poncif « qu’il n’y a plus de petite équipe ». Phrase bateau que l’on tournait dans nos têtes toute la journée d’hier en espérant que la Tanzanie ne l’ait pas trop apprise. De manière générale, en Côte d’Ivoire, on attendait ce Maroc après son Mondial Qatari réussi. C’est normal. Et jusque-là, à San Pedro, le Maroc a répondu présent. Son premier match, il l’a mené à sa guise, impressionnant de sûreté. La Tanzanie a pris 3-0 et a reçu une leçon de football. Cette première semaine, le Maroc est reconnu comme un seigneur du Maghreb. Même ses contradicteurs, les journalistes algériens par exemple, lui reconnaissent une condition supérieure. Des moyens et une gestion professionnels, on en oublie les quolibets contre le Président Lekjaa et la fédération. Et à San Pedro, envahie par les journalistes et les supporters marocains on a fait la fête, car on s’est régalé pendant le match que la formation de Regragui a mené à sa guise. Et tout en rappelant que comme le Sénégal, le Maroc a lui aussi réussi 3 buts, on a imaginé les prochains rendez-vous. Mais pas de précipitation, la CAN ne fait que commencer.

> La légende fausse sur les « petites » équipes

En football, il y a d’abord les équipes riches et célèbres, celles dont les médias parlent parce que leur public augmente leur popularité et donc leur valeur commerciale, et les autres, ces équipes dont les médias se désintéressent et un jour, elles éclosent à l’occasion d’une C.A.N ou d’une Coupe du Monde. La Namibie a lynché les Tunisiens, ce qui a déclenché un beau ramdam au pays du Jasmin et constitué une belle piqûre de rappel pour les Marocains à la veille de jouer contre les Tanzaniens, si tant est que le Maroc ait besoin qu’on lui rappelle de rester modeste. N’a-t-il pas eu, par le passé son lot de surprises? Quant au Cap-Vert, ce « petit » pays qui a terrassé le Ghana, ce n’est pas au public marocain et particulièrement à celui des FAR, qu’il faut souligner que les Cap Verdiens peuvent être très surprenants. Là, c’est le Ghana qui a goûté à leur piqûre. Un Ghana qui, comme la Tunisie n’arrive pas à se débarrasser de ses vétér

ans. M’Sakni pour les premiers et les frères Ayew pour les seconds. Comme c’est M’Sakni qui, en 2012, avait, lors de la CAN, marqué un but terrible contre les Lions de l’Atlas de Gérets, on est plutôt content de la mésaventure des Tunisiens. La Tunisie devra chercher sa rédemption face au Mali, 2ème match, mais ça ne sera pas facile. La Tunisie s’en sortira-t-elle ? Quant à l’Afrique du Sud, on ne connaît que trop l’histoire de ce jeune pays que la FIFA a « couvé » en 2010 pour lui offrir un Mondial qui aurait pu nous revenir. Désormais, l’Afrique du Sud mange son pain noir. Et on dit cela sans ironie et sans méchanceté. Plus riche pays africain, aux immenses potentialités, le pays des Bafana Bafana ne peut se considérer comme un « petit », même si certaines de ses positions politiques le laissent supposer. Mais cela est une autre histoire.

   

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