Le monde de la mode a perdu ce dimanche 4 octobre une de ses légendes ! Le Japonais Kenzo s’est éteint à l’Hôpital américain de Neuilly-sur-Seine à 81 ans des suites du Covid-19.
Kenzo Takada était le premier styliste japonais à s’être imposé à Paris, ville il a fait toute sa carrière et a rendu célèbre son prénom. Pour mémoire, Kenzo avait vendu en 1993 sa marque de vêtements au géant LVMH et s’était retiré de la mode six ans plus tard. Il est resté connu pour son attachement à la couleur et sa déclinaison à l’infini du métissage, pas seulement de l’Extrême-Orient et de la France, mais aussi de l’Afrique.
Gardant son look d’éternel adolescent, le créateur était sorti d’une retraite de vingt ans, en début d’année, pour lancer une ligne de design. «Avec ses coupes inventives, ses inspirations multiculturelles et ses imprimés teintés d’exotisme, Kenzo a indéniablement participé à l’écriture d’une nouvelle page de la mode, au confluent de l’Orient et de l’Occident», a souligné dans un communiqué la Fédération de la haute couture.
Né le 27 février 1939 à Himeji près d’Osaka, Kenzo Takada se passionne pour le dessin et pour la couture, enseignée à ses sœurs, mais interdite aux garçons. Chassé de son appartement de Tokyo par les Jeux olympiques après ses études de stylisme, il embarque à Yokohama sur un paquebot en novembre 1964. Il arrive en France le 1er janvier 1965 dans le port de Marseille et monte vers Paris qui le fascine.
Vivant très chichement, et ayant les pires difficultés à communiquer, Kenzo Takada pense n’être que de passage. «Je trouvais tout sombre. Même Saint-Germain-des-Prés», raconte-t-il au quotidien Libération en 1999. Il s’obstine, soumettant ses dessins à des couturiers et des marques de prêt-à-porter. Et il s’installe définitivement en France. «Je me sens désormais plus Parisien que Japonais, mais si c’était à refaire aujourd’hui, je ne suis pas sûr que je viendrais encore faire ma vie à Paris», disait-il à Paris Match en 1989.
Sa première collection date de 1970, conçue depuis une minuscule boutique de la Galerie Vivienne qu’il appelle Jungle Jap. Il déménage en 1976 vers un lieu plus grand, place des Victoires, et fonde sa marque sous son seul prénom. Sa première ligne pour hommes date de 1983, son premier parfum (Kenzo Kenzo) de 1988. Cinq ans plus tard, la griffe est rachetée par le groupe de luxe LVMH, pour 73 millions d’euros.
«Kenzo Takada a su, à partir de 1970, donner à la mode un ton de poésie légère et une allure de douce liberté qui a inspiré de nombreux créateurs», a salué le PDG de ce groupe, Bernard Arnault. Kenzo Takada quitte la mode en 1999, pour en finir avec le rythme infernal des collections et se consacrer des projets plus ponctuels. «J’ai 60 ans et 30 ans de carrière. Depuis longtemps je voulais profiter de la vie, voyager, voir des amis», avait-il déclaré.
Le dernier de ces projets s’appelait K-3, marque de design lancée en janvier. «D’un trait de crayon, d’un geste vif, il inventait une nouvelle fable artistique, une nouvelle épopée colorée mariant Orient et Occident, son Japon natal et sa vie parisienne», a affirmé le directeur général de cette société, Jonathan Bouchet Manheim.