Oscar, otages et occupation : le sort alarmant du cinéaste Hamdan Ballal secoue le monde du documentaire

by La Rédaction

À peine trois semaines après avoir foulé le tapis rouge des Oscars pour célébrer leur victoire avec No Other Land, Hamdan Ballal, l’un de ses quatre coréalisateurs, est désormais au cœur d’un tout autre drame — celui de sa propre détention par les forces israéliennes dans les collines de Masafer Yatta, en Cisjordanie occupée.

Hier, selon plusieurs témoignages concordants et vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, Ballal aurait été violemment agressé par un groupe de colons israéliens avant d’être interpellé, blessé, alors qu’il recevait des soins dans une ambulance. Le journaliste israélien Yuval Abraham, son codirecteur, a immédiatement dénoncé sur X une “lynch mob” à l’encontre de son collaborateur. “Ils l’ont battu à coups de poing. Il saignait de la tête et de l’estomac. Ensuite, les soldats ont envahi l’ambulance et l’ont emmené. Depuis, aucune trace de lui.” Des images captées par l’activiste Anna Lippman confirment l’agression ainsi que la violence de l’intervention.

   

L’armée israélienne — les Forces de défense israéliennes (IDF) — évoque pour sa part une “confrontation violente” et parle d’échanges de jets de pierres entre “Palestiniens et Israéliens”. Trois Palestiniens, dont Ballal, et un Israélien ont été interpellés, selon le communiqué officiel. L’IDF nie avoir extrait quiconque d’une ambulance. Un témoignage anonyme d’un activiste présent sur place affirme au contraire que Ballal aurait été emmené les yeux bandés.

L’indignation internationale n’a pas tardé. L’International Documentary Association, une organisation de soutien aux cinéastes documentaristes, a exigé sa libération et appelé à plus de transparence sur sa localisation et son état de santé. La mobilisation s’intensifie à mesure que le silence persiste autour de son sort. Son confrère Basel Adra, autre coréalisateur du film, évoque une disparition inquiétante : “Les soldats l’ont emporté, blessé, sans aucune explication. C’est ainsi qu’ils effacent Masafer Yatta.”

Cette affaire intervient alors que No Other Land, salué pour sa dénonciation poignante de la destruction des villages palestiniens par l’armée israélienne, est au centre de controverses politiques. À Miami Beach, le maire avait menacé d’annuler le bail du cinéma O Cinema si le film était projeté, avant de faire marche arrière. Yuval Abraham avait répliqué : “Bannir un film, c’est inciter encore plus de gens à vouloir le voir.”

À travers cette arrestation brutale, c’est tout le message du film — une collaboration israélo-palestinienne contre l’injustice — qui prend un sens encore plus vif, voire tragique. Derrière les projecteurs et les statuettes dorées, la réalité du terrain, elle, demeure implacable.

   

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