Le 4 mars 2025, Donald Trump s’est une nouvelle fois illustré devant le Congrès américain en détaillant les coupes budgétaires qu’il juge nécessaires. Au détour d’une phrase moqueuse, il s’attarde sur un programme de 8 millions de dollars destiné aux LGBTQI+ du Lesotho, avant d’affirmer, en ralentissant son débit pour bien insister : « Un pays africain, le Lesotho… dont personne n’a jamais entendu parler. » Rires dans la salle, comme dans un épisode de Friends. Sauf que cette fois, ce n’est pas une sitcom, et au Lesotho, personne ne comprend la blague.
Ce petit royaume montagneux, enclavé en Afrique du Sud, est loin d’être un point inconnu sur la carte de l’aide internationale. Avec l’un des taux de prévalence du VIH les plus élevés au monde, il dépend largement des financements étrangers pour mener ses campagnes de prévention et de traitement. Depuis 2006, les États-Unis ont injecté plus de 630 millions de dollars dans ce combat. Mais sous Trump, ces subventions deviennent une arme politique. Désormais, les ONG doivent répondre à un questionnaire où elles doivent, entre autres, préciser leur position sur la Chine et leur rôle dans la sécurisation des terres rares. L’aide n’est plus humanitaire, elle devient conditionnelle.

Loin d’être une simple bourde, cette déclaration s’inscrit dans une série de sorties embarrassantes sur l’Afrique. En 2017, Trump confondait déjà la Namibie et la Zambie, inventant un pays imaginaire, la « Nambie ». L’année suivante, il parlait des « pays de merde ». Le mépris est assumé, et la géographie approximative. Pourtant, tout le monde ne partage pas son ignorance. En septembre dernier, Elon Musk rencontrait chaleureusement le Premier ministre du Lesotho pour obtenir une licence pour ses satellites Starlink. Un sourire, une photo… et un rappel que, contrairement à Trump, certains savent exactement où se trouve le Lesotho – et ce qu’ils peuvent y gagner.