Désigné par sa SM le Roi Mohammed VI comme membre de la Commission Spéciale sur le Modèle de Développement, le Professeur Raja Aghzadi est un chirurgien praticien de renom. Dans une interview accordée à nos confrères de Maroc Diplomatique le 6 avril courant et publiée sur leur site web, elle livre son appréciation, tant sur cette pandémie de Covid-19, que sur l’après confinement sur lequel elle émet certaines réserves. Nous vous proposons quelques extraits de cet entretien.
«La situation est inédite, grave, inattendue et d’une ampleur planétaire» ; tel est l’amorce de la réponse du Professeur Rajaa Aghzadi, suite au constat établi par nos confrères quant à la gravité de cette pandémie qui frappe la planète. «C’est un virus qui a mis à nu la fragilité humaine et qui a montré que nous sommes tous égaux devant la maladie, confinés, avec des frontières fermées, plus personne ne peut bouger. Il a mis à nu le système sanitaire dans le monde et au Maroc, en particulier, en provoquant une double crise : une crise sanitaire inédite et difficile à surmonter. Et une crise économique due aux répercussions profondes qui vont durer longtemps», dira-t-elle.
Membre de la Commission Spéciale sur le Modèle de Développement, Rajaa Aghzadi lève également le voile sur quelques grands axes de réflexion et autres travaux en cours relatifs à la feuille de route de la Commission. «Il est clair qu’on travaille particulièrement sur le dossier de la Santé», dira-t-elle et d’ajouter : «j’ai toujours dit qu’il nous faut un système de la santé fort, à l’image des avancées réalisées par le Maroc, accessible à tous les citoyens sans discrimination aucune. Il ne faut plus qu’il reste ce parent pauvre, maillon faible (…) Aussi faut-il une refonte profonde de notre système de santé, en prenant en compte les ressources humaines qui devraient être formées en nombre suffisant, et selon une orientation tournée vers le modernisme et les nouvelles technologies, pour couvrir les déserts médicaux».
Elle en a profité également au cours de cet entretien pour saluer l’attitude qu’a eue le Maroc grâce à la clairvoyance de Sa Majesté le Roi et qui a été applaudie par plusieurs pays. Et d’ajouter : «au-delà de toutes ces mesures, l’espoir est encore grand au Maroc. Nous avons une population jeune d’où l’immunité est relativement élevée et donc notre courbe épidémiologique reste relativement plate. C’est ce qui constitue notre signe salvateur, si on est disciplinés pour les jours à venir».
À la question posée par nos confrères et relative aux résolutions post-Covid-19, le Professeur Aghzadi espère que les choses seront certainement différentes avec le temps. De quoi lui faire dire : «chacun de nous a pris conscience de notre vulnérabilité, de l’état de la salubrité à laquelle on doit s’adapter, que le travail peut se faire autrement. Je crois aussi qu’on s’est rendu à l’évidence qu’on n’a pas tellement besoin de tout le superflu où on vit et que l’essentiel est dans la simplicité et dans le bien-être». Et de conclure son entretien en soulignant que : «aujourd’hui, c’est une leçon de vie que le Covid-19 est en train de nous inculquer. Désormais, la priorité politique, budgétaire est à la santé avec un système sanitaire fort, équitable et mutable».
Bio Express Professeur Rajaa Aghzadi
C’est en 1981 qu’elle passe le concours universitaire pour l’internat et que débute sa pratique de la chirurgie. Dix ans plus tard, elle devient Professeur suite au concours d’agrégation passé à Rabat. Elle a été la première femme marocaine à obtenir la mention de major pour son concours universitaire de médecine.
Forte de son expérience de 22 années de pratique chirurgicale et de 12 ans de professorat, elle possède, entre autres, plusieurs diplômes en échographie, en chirurgie digestive, en cancérologique et en sénologie.
Elle est présidente de l’association de lutte contre le cancer du sein, «Cœur de Femmes», connue pour ses opérations à grand succès.