À Marrakech, il y a des expositions qui captivent, d’autres qui questionnent. Et puis, il y a celles qui s’infiltrent doucement dans l’esprit, laissant une trace diffuse mais tenace. Everything out of nothing. But the nothingness shows through appartient sans conteste à cette dernière catégorie. Installée d’aujourd’hui 25 avril au 25 mai 2025 chez IZZA, un lieu hybride et chaleureux niché au cœur de la médina, cette exposition pousse le spectateur à contempler l’absence… et ce qu’elle révèle malgré tout.
Derrière cette proposition audacieuse, on retrouve deux artistes aux démarches singulières : Cherifa Mourabiti et Loutfi Souidi. Deux sensibilités, deux trajectoires, mais une même volonté de sonder les interstices du visible. Le titre, quasi philosophique, donne déjà le ton : il ne s’agit pas ici d’un simple accrochage, mais d’une véritable exploration de la vacuité, de l’invisible, du silence. Et dans un monde saturé d’images et de récits tonitruants, cette retenue artistique devient presque subversive.
La curation est assurée par Aicha Benazzouz, également directrice artistique du projet, accompagnée de Natasha Cox. Ensemble, elles orchestrent une mise en espace délicate, à la fois sobre et poignante, qui laisse la matière respirer et le regard se perdre. Le visuel de l’affiche — des formes végétales sombres tranchant sur un disque rouge sang — évoque cette tension entre nature et abstraction, entre l’élan vital et la disparition. Une esthétique presque méditative, en résonance parfaite avec l’esprit du lieu.
Izza, “House of Friends”, n’est donc pas une galerie traditionnelle. C’est un espace de vie, un écrin de créativité où les frontières entre les disciplines s’effacent. En soutenant cette exposition à travers son Associate Artists Programme, la structure affirme sa volonté d’accompagner les artistes contemporains dans des démarches exigeantes, loin des logiques purement commerciales.
Le vernissage, prévu pour cette soirée dès 18h30, promet d’être un moment de rencontres, d’échanges et de contemplation. Une invitation à ralentir, à regarder autrement. Car parfois, c’est dans le vide que surgit l’essentiel.