Tournage : l’homme qui murmure à l’oreille des chevaux du cinéma officie au Maroc

by David Jérémie

Ancien cascadeur et chorégraphe équestre de blockbusters comme «Alexandre» d’Oliver Stone ou «Kundun» de Martin Scorsese, Joël Proust, prépare ses étalons en vue de la reprise des tournages au Maroc après une longue traversée du désert en raison de l’épidémie de coronavirus.

Installé au Maroc depuis les années 80, ce Français de 65 ans chorégraphie les scènes d’action équestre des plus grands films qui y sont tournés, tels que «Kingdom of Heaven» (Ridley Scott, 2005) ou la «Momie» (Stephen Sommers, 1999). Il a appris à monter à des acteurs comme Johnny Depp ou Robert Pattinson pour «Waiting for The Barbarians» de Ciro Guerra.

   

Faire le mort, partir au galop ou simplement marcher au pas… Les barbes arabes, frisons hollandais et purs-sangs espagnols suivent à la voix les directives de l’instructeur. Toujours est-il que Joël Proust prépare trois grandes productions internationales parmi lesquelles «L’Alchimiste». Le tournage de cette production américaine adaptée du best-seller éponyme de l’écrivain brésilien Paulo Coelho doit commencer à la mi-juillet sous la direction de Kevin Scott Frakes. Ses chevaux participeront à des scènes de bataille, il dresse aussi des dromadaires ramenés du désert pour des scènes de caravanes.

«L’année 2020 a été particulièrement difficile. On a fait une pub pour le tourisme marocain et un seul film alors que d’habitude on en fait dix par an», précise-t-il. Le Français qui accueille des stages, qui gère les centres équestres de trois villages de vacances et qui organise des randonnées touristiques dans le désert, mais tout est à l’arrêt pour l’instant. Avec l’entretien de ses animaux et les charges de personnel, il évalue ses pertes à 100.000 euros environ. «On tient le coup, mais il faudrait que ça reparte», ajoute-t-il.

La crise sanitaire a affecté l’industrie mondiale du cinéma et le Maroc n’a pas été épargné. Avec seulement huit films internationaux en 2020 (pour un budget total de près de 60 millions de dirhams, environ 5,5 millions d’euros), le secteur a enregistré une baisse de près de 78%, selon le rapport annuel du Centre cinématographique marocain (CCM). Faut-il préciser que le Royaume s’efforce depuis plusieurs années de capitaliser sur la diversité de ses paysages naturels, avec une politique active d’incitations financières, pour attirer les plus grandes productions internationales.

Aujourd’hui, le chorégraphe équestre attend avec impatience les indications de mise en scène pour l’Alchimiste. Avec une enveloppe d’environ 18 millions d’euros, c’est le plus gros contrat signé au Maroc depuis la série américaine «Homeland», selon la presse locale.

(Avec AFP)

   

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