Nous avons perdu Rayan, mais grâce à lui, nous avons retrouvé notre humanité. Cette histoire, à la fois tragique et déchirante, est tout autant un appel à l’hymne de la fraternité et la solidarité.
Dans cette histoire, je ressens quelque chose de divin, céleste et sublime. De l’histoire de ce jeune Rayan, de sa souffrance, s’est exhalé un éveil collectif de tous les peuples, de toutes les nations, de toutes les cultures qui se sont unies dans un sentiment de foi et de sacralité de la vie.
Venu dans un contexte de pandémie, nous nous sommes habitués à la banalisation des nombres de décès quotidiens, résumant la dialectique de la vie à la mort en des chiffres de faits-divers assommants. Sommes-nous tous devenus indifférents devant la vie et la mort ?
Et nous voilà dans cette histoire de Rayan, réveillés de cette ivresse, renouant avec notre humanité et notre sensibilité, une sensibilité empathique à vouloir sauver la vie de ce jeune enfant ; de soulever tous les obstacles, même naturels, à même de soulever une montagne pour sauver une vie, et c’est dans ce sens propre que nous avons soulevé cette montagne pour le sauver, mais aussi nous sauver nous-même de la cruauté, l’insensibilité et l’indifférence qui ont mis en carcan nos sociétés.
En essayant de sauver Rayan ; Rayan nous a sauvé ! Réunissant l’ensemble des peuples, portant haut et fier, la bannière d’une seule civilisation, celle de l’Humanité.
Rayan est un messie de l’humanité. Pour les croyants, Dieu s’est exprimé à travers lui pour nous rappeler, que la vie de tous est précieuse, sacrée et égale.
Pour les humanistes, il y’a là quelque chose de transcendant, un moment d’unité comme rare est dans l’histoire. Assurément dans un contexte favorisant les extrêmes, les xénophobes, le rejet de l’autre sur la base de la différence de couleur de peau, de culture et de croyance, nous avons oublié que cette diversité trouve tout son tronc dans notre condition d’humain. En cela, l’histoire de Rayan est la meilleure réponse à ceux qui louent le clash des civilisations, les invitants à une convention des civilisations.
Pour moi, Rayan, avec l’élan de solidarité qu’il a enclenché, est un messager de l’humanité, il m’a fait regagner la foi, dans la construction d’une société solidaire, humaine, altruiste et généreuse. En 5 jours, l’histoire de Rayan a réussi à surpasser la diplomatie, les politiques, les acteurs de changement et les leaders en dessinant les contours de Paix et d’Unité des nations autour d’une seule bannière, celle de l’Humanité.
Alors dans ces moments, je me pose des questions bien naïves, des questions que peut aussi se poser un jeune de 5 ans tel que Rayan sur cette humanité qui soulève les montagnes pour sauver une seule vie et qui par moment, cette même humanité, dans un moment d’inhumanité ôte la vie, fais la guerre à son semblable, rejette l’autre sur la base de sa couleur, de sa culture et de ses croyances. L’histoire de Rayan est une gifle à nos sociétés modernes, pour se réveiller et s’éveiller, se retrouver elle-même et à travers elle, cette chimère et utopie, qu’est la culture de paix, loin de ceux qui prônent le Choc des Cultures et qui prévalent une supériorité idéelle et culturelle, tels les apôtres d’une autophagie de l’humanité.
Des questions se posent et doivent être posées ; Saurions-nous garder cet esprit altruiste en nous que Rayan a éveillé, le transmettre aux générations futures et le faire vivre dans nos actions quotidiennes ?
Il y’a là un grand ouvrage à entreprendre, peut-être avec naïveté, mais avec détermination et solidarité à construire un vrai concert des Nations Unies, qui tient essentiellement compte des conditions de préservation de l’humain, loin de tout clivage Nord-Sud ; loin des impératifs économiques et financiers qui mettent des frontières entre les humains et classifient les peuples et les nations ; loin des baromètres se basant d’abord sur les conditions que les bien penseurs appellent socioéconomiques, oubliant la principale condition qu’est la condition humaine. En effet, le capital en soi n’est qu’un moyen dans le progrès de l’humanité et non sa finalité.
Tous les moyens et capitaux du monde ne sauraient remboursés la perte d’une Vie ; car la vie est sacrée et à travers elle l’Humanité. Alors continuons à être des humains-HUMAIN…
Par EL HAJJAJI EL IDIRISSI Marouane
Président du Moroccan Millennium Leaders