Bonne année à tous les berbères !
Ce mardi 14 janvier marque le premier jour de l’année 2975 selon le calendrier agraire amazigh. Cette date, bien que célébrée entre le 12 et le 14 janvier selon les régions, est un moment clé de la culture amazighe.
Le Maroc abrite les peuples amazighs depuis des millénaires, bien avant la conquête arabo-musulmane du VIIe siècle. Malgré une longue marginalisation au profit de la civilisation arabe, le peuple amazigh a toujours su préserver son identité et faire entendre sa voix. Dès les années 1990, un mouvement en faveur de la reconnaissance culturelle prend de l’ampleur, et en 2001, le roi Mohammed VI officialise la reconnaissance de l’identité amazighe. Quelques années plus tard, le ‘Tamazight’ devient langue officielle aux côtés de l’arabe, un acte fort qui symbolise la pluralité et la richesse du patrimoine national marocain.
Le soutien de l’État à la culture amazighe
Sous la direction du Premier ministre Aziz Akhannouch, lui-même d’origine berbère, l’État marocain a renforcé son soutien à la langue et à la culture amazighe. Un budget conséquent a été alloué à la préservation et à la promotion de la langue amazighe, marquant une étape décisive dans l’affirmation de cette identité. En 2023, pour renforcer cette reconnaissance, le 14 janvier a été officiellement proclamé jour férié au Maroc, un geste fort pour célébrer le patrimoine amazigh au sein de l’identité nationale et consolider l’unité nationale.
Un calendrier unique : l’histoire du Yennayer
L’histoire du calendrier amazigh, à l’instar de celle de l’identité berbère, est marquée par une longue quête de reconnaissance. C’est dans les années 1960, sous l’impulsion de l’Académie berbère de Paris, que certains intellectuels amazighs décident de formaliser leur propre calendrier, inspiré des pratiques des chrétiens et des musulmans. Le choix de l’an 950 avant J.-C. comme point de départ est directement lié à l’intronisation de Sheshonq Ier, premier pharaon berbère d’Égypte et fondateur de la 22e dynastie égyptienne. Ce moment historique marque l’ascension d’un souverain berbère sur la scène internationale, un événement clé pour le peuple amazigh. Le règne de Sheshonq Ier est emblématique d’une période de prospérité après des décennies de chaos. Sa politique a permis de stabiliser l’Égypte, tant sur le plan politique que religieux, consolidant ainsi son pouvoir à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. Cet événement historique est d’autant plus significatif que les Berbères, présents depuis des millénaires sur les terres d’Afrique du Nord, ont souvent vu leur héritage mis à l’ombre des grandes civilisations voisines.
Durant l’Antiquité, les Berbères utilisaient un calendrier agraire proche du calendrier julien, avec un décalage de 12 jours par rapport au calendrier grégorien. Ainsi, la célébration du Nouvel An berbère a lieu chaque année entre le 12 et le 14 janvier, ce qui explique pourquoi Yennayer n’atteint jamais une date fixe dans le calendrier grégorien.
Yennayer : une fête de rassemblement et de renouveau
Au Maroc, le Nouvel An amazigh est bien plus qu’une simple célébration du passage à une nouvelle année. Il incarne un symbole de résistance, de résilience et d’espoir. Pour les familles berbères, Yennayer est l’occasion de se retrouver autour de repas traditionnels, comme la ‘rfissa’, un plat copieux à base de poulet et de lentilles, symbolisant l’abondance et la prospérité. Une légende veut que l’on évite les aliments trop épicés ou amers, afin de ne pas attirer la malchance pour l’année à venir. Le repas varie selon les moyens de chaque famille, mais il est toujours une occasion de bénédictions et de partage.
Fatima Chaaboune, originaire d’Ihahane, entre Essaouira et Agadir, confie au micro de Version Homme : « Pour nous, Yennayer est une fête très importante, que nous célébrons depuis toujours. Le repas est servi le soir, en attendant la nouvelle année. Nous dégustons des plats comme la ‘tagoulla’ ou l’ ‘assida’, vêtues de la tenue traditionnelle appelée ‘tazra’. Tout dépend bien sûr des moyens de chacun, mais l’essentiel reste de partager un moment de convivialité en compagnie de nos proches. »
Le patrimoine culturel berbère : un trésor à préserver
Le patrimoine berbère, avec sa langue, sa musique, ses danses et ses traditions, est une composante essentielle de l’identité marocaine. Si la reconnaissance officielle est désormais bien établie, il reste encore beaucoup à faire pour que la culture amazighe trouve sa place dans tous les aspects de la vie quotidienne. La célébration de Yennayer, au-delà de la simple fête, rappelle la richesse de cet héritage et l’importance de le transmettre aux générations futures.
En cette nouvelle année, Version Homme souhaite une merveilleuse année à tous les berbères du monde, en espérant que leur culture continue de briller avec fierté et dignité, dans le respect de ses traditions.
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