Après Marrakech, dans le cadre de la Foire d’Art Contemporain Africain 1-54, l’exposition In-Discipline poursuit son itinérance à l’Espace Expressions de la CDG à Rabat. Du 11 juin au 3 juillet, vous découvrirez des artistes de tous bords exprimant leur art sous toutes les formes. Cinq artistes ivoiriens pleins de talents qui sont Armand Boua, Gopal Dagnogo, Pascal Konan, Joachim Silué et Yeanzi.
Armand Boua vit et travaille toujours à Abidjan. Pour ses peintures, il prend pour modèle les enfants peuplant les rues d’Abidjan, ceux dont l’existence a été oubliée. Il veut montrer au reste du monde la réalité de leur vie, souvent misérable, que nous connaissons déjà mais qui souvent nous émeut au point de détourner le regard. Boua se fait le peintre de la condition humaine, et ses pinceaux lui permettent de lutter contre l’inhumanité qu’il observe quotidiennement autour de lui. Les portraits de Boua interpellent par leur texture. L’artiste utilise du goudron et de l’acrylique qu’il applique sur des boîtes en carton dénichées un peu partout. Chaque couche de peinture est ensuite frottée et grattée, afin de ne laisser apparaître que l’essentiel, l’essence même de la forme. La violence des gestes et de la technique s’oppose à la douceur avec laquelle Boua met en scène les personnages.
Au-delà d’un syncrétisme culturel évident, les peintures de Gopal Dagnogo proposent plusieurs niveaux de lecture : un esthétisme hybride, une peinture de médiation, une réconciliation de l’humain et du sacré. Ses œuvres, en forme d’hommage à la banalité du quotidien questionnent l’identité, le relatif et les différences. Elles intègrent la dimension du sacré comme une nécessité intérieure pour nous interroger sur la tragédie humaine et notre relation au monde. Mémoire, conscience, souvenirs, les images confuses se bousculent, s’entrechoquent ou parfois s’isolent. Comme en surimpression, le peintre invente et ré-enchante une mythologie contemporaine qui souligne les paradoxes intérieurs et les contradictions d’un monde à la fois plus policé et plus violent, plus respectueux et moins tolérant qui le fait réagir à coups de pinceaux.
L’artiste peintre Pascal Konan a découvert très tôt sa fibre artistique qui le conduit à intégrer le Lycée d’Enseignement Artistique. Son diplôme en poche, il intègre l’Ecole Nationale des Beaux-Arts d’ Abidjan d’où il sort majeur de sa promotion. Il opte plus tard pour l’enseignement avec lequel il concilie l’activité picturale. Konan axe son travail sur les scènes de la vie quotidienne africaine par des taches aléatoires auxquelles il donne des formes et des contours en surimpression, donnant ainsi une dimension psychédélique à un travail très construit. En se faisant l’interprète d’une émotion particulière, celle que produisent les villes africaines avec la foule, les bruits, les odeurs, le brassage culturel avec son langage et sa chaleur, la démarche globale de peintre est l’exaltation d’une enfance heureuse passée dans un des faubourgs d’Abidjan.
Diplômé de l’Académie des Beaux-Arts de Bologne, Joachim Silué est à la fois peintre, sculpteur et designer. Il vit et travaille aujourd’hui à Modène, en Italie. En admirant ses natures mortes de, il est difficile de ne pas y voir un hommage à la vie, aux sens. A cheval entre la peinture et la sculpture, ses œuvres se composent de bitume, de fils de fer ou encore de bois recyclés dont la matérialité est palpable. L’artiste donne ainsi une importance aux éléments usagés ayant absorbé une forme de souffrance, une histoire. Le souvenir de son passé l’anime. Non sans une certaine élégance, la palette réduite composée de blancs, de noirs et de beiges souligne la présence narrative de ces matériaux bruts dont Silué s’applique à sublimer les derniers instants de vie, comme pour leur octroyer une ultime fonction.
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