Petit résumé de l’époque moderne

by Abdelhak Najib

Quel été ! Que du sport. Pour certains foyers, c’est la guerre. Le mari est scotché devant les matchs de l’Euro et de la Copa America, et son épouse ne sait plus où donner de la tête. Faut pas déranger monsieur, il est fan. Il est même fana. Et il s’énerve quand son équipe et parfois ses équipes perdent. Il gueule, il fait la gueule, il boude comme un gosse, il se goinfre et il ne fait pas l’amour à sa femme. Vas savoir pourquoi ! Un copain sexologue m’a dit que quand le mari est dépité par son équipe qui vient de se faire rétamer, il le fait payer à sa femme, pour garder un soupçon de contrôle sur quelque chose. Manque de pot, madame, c’est sur vous que ça tombe, ou ne tombe pas, c’est selon.

Pour certaines femmes, quelle aubaine! Du foot à longueur de journée et de soirée, c’est top. Enfin, elles respirent. Elles sortent, elles vont se poser ailleurs et même voir ailleurs. Et c’est tout l’été que ça va durer. Pas de vacances cette année, les amis. Non après l’Euro, il y a le Tour de France. Les mordus de la petite reine ne bougent pas. Vautrés dans un canapé et va que je pédale en concert avec Contador, Quintana et autre Frome. Et ce n’est pas fini. Juste après la Grande boucle, il y a les Jeux olympique à Rio.
Je vous le dis, les amis, si les ménages arrivent à survivre à un tel été c’est qu’ils sont solides. Trois mois de sport et de vie devant un écran, avec des colères, des sautes d’humeur, des fâcheries, des vacheries et autres incommodités du quotidien, il y en a qui vont lâcher comme une corde usée.

   

Un type que je connais me dit l’autre soir, que sa femme lui en veut parce que cela fait des années qu’elle le pousse à aller faire du sport, mais lui refuse, arguant qu’il en fait tout le temps devant son écran de télévision. Il est vrai qu’il a une bedaine incroyable, qu’il est gras et laid, mais bon, la vie ce sont des choix. Je lui ai dit qu’à ce rythme sa femme, qui fait beaucoup de sport, finirait par aller en faire avec quelqu’un d’autre. Il me regarde et me dit que c’est impossible. «Je la tiens par l’argent». Oui, c’est fort propable, que je lui rétorque. Mais il y a le beurre et l’argent du beurre et ils vont bien ensemble, mon pote. Il n’a pas saisi la nuance : la faute au trop plein de lipides dans le sang. Paraît-il cela rend un peu con. Et je le crois volontiers, à voir comment ce type débite les âneries au kilo.

Bref, ce type de mecs est la parfaite illustration de cette catégorie de mâles qui connaissent le prix d’un tas de choses, mais la valeur de rien. Et comme le gars est banquier, je lui dis de fil en aiguille, histoire de le titiller, que c’est pas facile d’être la femme d’un banquier, tu dois encaisser et tout le temps. Là, non plus il n’a pas réagi. Il réagira demain ou dans une semaine, les circuits sont obstrués par les fast-foods qu’il s’envoie dans le bide. Ça prend du temps pour arriver à la caboche.

Et pour finir les amis, voici en prime un petit résumé de l’époque moderne:
Le fils de Bacon fait de la charcuterie
Le fils de Braque est moniteur auto
Le fils de Miro, opticien
Et le fils de DeLacroix fait de l’eau de javel.
Si vous voyez ce que je veux dire.

   

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