Qu’est-ce qui ne tourne pas rond au Maroc depuis quelques années ? Pourquoi autant de haine et de violence ? Pourquoi autant d’angoisse dans une atmosphère anxiogène où tout le monde en veut presque à tout le monde ? Pourquoi avoir assisté les bras croisés à la formation de plusieurs clans sociaux sans bouger le petit doigt, sauf pour nous enfumer avec de stériles effets de manche et des slogans oiseux et stupides ? Un climat délétère sous-tend la vie sociale, dans un pays qui semble avoir perdu quelques repères fondamentaux en quelques années. Et il semble que tout ce magma social ait été condensé en quelques affaires éparses, toutes liées au sexe et au corps. On le sait, ce n’est pas nouveau, les Marocains, tout comme leurs frères de cette Arabie schizophrène, ont un sérieux problème avec le cul, les fesses, les nichons, la nudité, le plaisir, le désir et les délices de la chair. Tout le monde vit sa vie sexuelle pleinement et tout le monde prêche le contraire. Montrez-moi un seul parangon de la fausse vertu à la Marocaine, et j’irai m’asseoir près de sa tombe pour lui servir un chapelet copieux de noms d’oiseaux et autres amabilités de circonstances. C’est drôle cette société qui voudrait penser qu’elle incarne une certaine idée de la cité de la vertu. A croire les uns et les autres, nous n’avons pas de sexe, pas de viols, pas de prostituées, pas d’homosexuels, pas de travailleurs du sexe, pas d’avortements, pas d’adultère, pas de dealers, pas de drogués, pas de proxénètes, pas de criminels, pas de terroristes, pas d’illuminés… la réalité est pourtant très simple. Nous avons tout ceci et plus encore. Nous avons des pédophiles, des relations incestueuses, des viols collectifs filmés et mis en scène, des réseaux de trafic humains bien organisés, tous les types de drogues circulent avec pignon sur rue. C’est cela la réalité que certains voudraient oblitérer en ayant recours à des fatwas et autres niaiseries du même acabit. Tous les Marocains en âge d’avoir des rapports sexuels ne s’en privent pas, rassurez-vous. Ça baise dur et dru et partout. Et avec les progrès technologiques, tout le monde filme tout le monde et les petits pornos amateurs à découvert passent d’un écran à l’autre. Vive le Smartphone, dira l’autre.
En clair, qu’est-ce qui pose problème? La religion ? Il faut savoir qu’une étude récente a démontré un net recul de la religion dans le monde arabe et notamment dans ce cher Maroc islamisé, où très souvent la religion n’est que façade alors que ceux qui en portent soi-disant l’étendard n’en véhiculent que le mauvais côté : haine, racisme, extrémisme, violence et barbarie. Je vois venir les rapaces qui vont dire : mais ce Najib Abdelhak est un athée. Fermez votre gueule, je vous dis à tous. Ma foi est plus ancrée et plus solide que beaucoup d’entre vous, qui vivez à coups de stigmatisations mettant les gens dans des cases pour tenter un soupçon d’entendement. Et ma divinité m’élève et ne me rend pas haineux, ni petit, ni minable, ni aigri, ni amer, ni avec des envies de meurtre et autres bûchers à l’ancienne. Ceci clarifié, on passe au cœur du problème, qui n’en est pas un. Si faire l’amour dans ce pays est un crime, si s’envoyer en l’air est passible de quelques mois de prison, il faudra être un tantinet en adéquation avec soi, et foutre tout le monde en taule. Tous à l’abattoir. Nous sommes de facto tous criminels et coupables. Coupables d’être des hommes et des femmes. Coupables d’aimer. Coupables d’avoir des sens. Coupables de vouloir vivre dans une société qui respecte tout le monde. Coupables de rêver que dans ce cher pays, il y a encore de l’espoir.
Tous criminels ou tous libres
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