Dans « Bonne mère », l’actrice Hafsia Herzi confirme ses talents de réalisatrice. Un film qui a ému Cannes, présenté dans la section « Un certain Regard ». Standing Ovation.
Un sujet vu et revu ? Peut-être. Hafsia Herzi, pour son deuxième film en tant que réalisatrice nous offre « Bonne Mère », après « Tu mérites un amour ». Un film à la fois sensible et sensuel sur une mère issue de l’immigration qui tente tant bien que mal de survivre et faire vivre sa famille. Une famille dépareillée. Quand son ainé est en prison, sa fille mère célibataire est au chômage mais s’essai quand même à une sorte de prostitution déguisée alors que le benjamin passe son temps à jouer aux jeux vidéo sans aucune ambition ni perspective de carrière. La mère est le socle. C’est elle qui enchaine les petits boulots pour vivre, qui porte tout le poids sur ses épaules parce que selon elle « Tant que je suis debout je resterai solide ». Une œuvre juste à la pudeur touchante et sensuelle. On retient les larmes tout au long et elles finissent par tomber. Dignement à l’image de ce film porté délicatement par Halima Benhamed. La réalisatrice signe un portrait fort de femmes de la cité et soulève la question de : « Qu’est ce qu’être une bonne mère? ». Celle qui se sacrifie pour que les enfants trouvent le chemin mais qui les voit quand même se perdre ?
« Tant que je suis debout je resterai solide »
Mise en scène délicate
Hafsia Herzi fait ce film comme elle ferait son existence. Elle n’y met aucune prétention, elle filme une mère, probablement sa mère, ou sa tante, ou une de ses voisines. Celles des quartiers Nord de Marseille, qui sont coincés dans des immeubles laids où les ascenseurs marchent une fois sur deux. Pourtant on ne sent pas l’asphyxie de la banlieue. L’image est belle, poétique, on jour sur les belles lumières, sur les rayons de soleil. Les oiseaux sont là pour réconforter. Donner un sentiment de liberté, même s’ils sont en cage. Parce qu’en faisant le ménage, Nora est prisonnière de ses enfants qu’elle ne voit pas évoluer ou sortir du cocon familial. Un est en prison pour trafic de drogues, l’autre passe son temps à faire passer le temps quand la fille chérie à fait un enfant toute seule qu’elle n’arrive pas à gérer, puisqu’elle est elle-même une enfant. Noura s’occupe de tout en silence. Digne. Comme toutes ces mères de cette génération d’immigrés venues chercher une meilleure vie mais dont les enfants ont mal tourné. Comment gérer cela quand on a les convictions d’une sainte ? Ne pas voler, ne pas tricher, ne pas vendre son corps, ne pas faire rentrer de « l’argent sale ». Entre perte d’identité et quête du bonheur, la jeune réalisateur, actrice fétiche de Kechiche signe une œuvre à fleur de peau et débordante d’humanité même si on peut y voir certains clichés ou avoir un sentiment de déjà-vu . « Bonne mère » vient des tripes et du cœur. Et ce film touche l’âme. C’est tout ce qui compte.