Driss Slaoui, fondateur de We Love Buzz : Je pense qu’il n’y a absolument pas d’âge pour créer

by La Rédaction

A tout juste 17 ans, il crée un phénomène du Web sans même s’en rendre compte, depuis sa chambre d’étudiant à l’université d’Al Akhawayn. Rencontre avec un surdoué qui a su nous faire aimer LE BUZZ. 

Comment est née l’idée de créer We Love Buzz ? 

   

Je pense qu’il n’y a pas eu de moment clé où l’idée de We love buzz est née. Avant We love buzz, j’avais créé un mini média autour des nouvelles technologies. J’avais 15 ans, je voulais à tout prix partager ma passion mais je ne savais pas forcément comment faire marcher un business. Le site avait commencé à générer du bon traffic, plusieurs marques étrangères nous envoyaient leurs produits à tester et j’avais réussi à recruter des amis et collaborateurs qui ont cru en notre mission. N’ayant cependant aucune stratégie de monétisation, la bonne volonté n’a pas suffi et ça n’a naturellement pas fonctionné. Je me rappelle qu’on avait écrit un dernier billet pour dire que le site fermait parce que l’équipe… passait en première année bac. J’en rigole toujours aujourd’hui. Néanmoins, je savais pertinemment que ce n’était qu’un au revoir. Peu de temps après, pendant l’année du bac, cette passion commence à beaucoup me manquer et je voulais créer un projet pour une audience marocaine cette fois-ci. Étant jeune élève, il n’y avait aucun média où je pouvais lire des sujets qui m’intéressent. C’est là que j’ai décidé de créer We love buzz. 

Vous n’aviez que 17 ans quand vous avez décidé de créer We Love Buzz. D’où vient cette maturité ? 

Je pense qu’il n’y a absolument pas d’âge pour créer, mais je ne pense pas non plus que j’avais acquis la bonne maturité dès le début – en tout cas en business. J’ai fait beaucoup d’erreurs et j’ai énormément appris sur le tas. Ces erreurs ont toujours été des leçons et des apprentissages qui m’ont beaucoup aidé par la suite. 

Aviez-vous déjà une idée précise de ce que vous vouliez faire?

 Pas du tout. Je pense qu’il est très difficile de tomber sur la bonne formule dès la première idée. La toute première version de We love buzz n’a absolument rien à voir avec celle d’aujourd’hui. Notre approche non plus. Nous avons eu besoin de faire beaucoup d’itérations, tester plusieurs idées, et commettre plusieurs erreurs pour commencer à comprendre notre cible et pouvoir lui proposer un contenu qui lui convient. Je n’avais pas non plus prévu tout ce qui s’est passé pour nous. Je n’aurai jamais pensé qu’on atteindrait le cap des 2 millions d’utilisateurs uniques par jour sur l’ensemble de nos plateformes. C’est même au-delà de ce que j’avais comme rêve à la création de We love buzz – mais ce n’est toujours pas assez, notre ambition est encore plus grande aujourd’hui. 

Comment l’idée se concrétise ? Comment passer du théorique à la pratique ? 

On fait. On pense peu et on fait beaucoup. Il est très important de planifier et d’avoir un plan concret, mais ce qui va être sur le fichier Excel aura très peu de chance de se passer. Une idée n’est rien tant qu’elle n’est pas bien exécutée. Il ne faut simplement pas avoir peur de commettre des erreurs et d’itérer un maximum pour commencer à atteindre ses objectifs. 

Quelles ont été les principales difficultés ? 

En 2014, la marque commence à être connue et le trafic augmente considérablement. Nous avons voulu repenser la manière dont un média peut être monétisé. Nous avions proposé pour la première fois du contenu brandé (moins publicitaire mais autour des valeurs et de la mission de la marque) C’était nouveau et personne ne voulait nous croire. C’était d’autant plus difficile puisque le bureau principal était ma chambre d’université, nous n’avions ni bureau, ni société, juste une promesse d’innover et de créer le meilleur contenu possible. Je me rappelle même qu’à l’âge de 21 ans, je me faisais pousser la barbe pour qu’on puisse me prendre au sérieux. 

Comment avez-vous formé les équipes ? 

Nous formons notre équipe à être passionnée parce qu’elle fait. Je pense qu’on manque énormément de ça au Maroc. Les meilleures idées de We love buzz n’ont pas toujours été proposées durant nos brainstormings, mais plutôt quand la personne est rentrée chez elle, elle n’était toujours pas satisfaite parce qu’on avait proposé et voulait toujours se surpasser et penser à 100 autres idées jusqu’à trouver la meilleure. Le concept Pure est un bon exemple à ça. Je n’avais aucune idée du projet jusqu’à ce que je reçoive une superbe capsule produite par notre chargé de vidéo et prête pour validation. On a toujours eu beaucoup de chance d’avoir une équipe passionnée et qui croit surtout énormément à notre mission et au changement qu’on souhaite créer. 

Quelle est une journée type ? 

Je ne me réveille généralement pas très tôt. J’aime beaucoup travailler la nuit. Je suis au bureau vers 9h30 – j’enchaine mes meetings avec nos directeurs le matin. Midi sport. L’après-midi est généralement consacrée à des meetings à l’extérieur :
Clients, partenaires, potentielles recrues, j’aime beaucoup rencontrer les gens. Le soir, si je ne suis pas chez la famille ou devant la play, je travaille sur la stratégie de We love buzz. Je suis très casanier, je sors très très peu le soir. 

A votre avis, quelle est la clé de succès de We Love Buzz ?

 Il y a beaucoup de variables mais je pense que ce qui nous a énormément aidés c’est que nous n’avions jamais peur. Nous étions prêts à tout miser pour créer le meilleur média pour les jeunes Marocains et nous n’avions rien à perdre. Dans une table de Poker, le joueur le plus dangereux est souvent celui qui n’a rien à perdre. Dans le business, une startup qui risque beaucoup a aussi beaucoup de chance de scaler et de réussir. La passion a aussi beaucoup aidé. J’ai toujours été passionné parce que je fais et j’ai toujours cherché à avoir une équipe passionnée. Je pense que dans toute aventure ambitieuse qu’une personne entreprend, il y a tellement de difficultés et tellement des barrières – qui rendent la mission impossible à atteindre. Il faut simplement être fou ou être passionné.

   

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