Photographe à la sensibilité à fleur de peau et à l’objectif tout près de l’âme, Hassan Ouazzani sait capter l’essence de l’humain tout en s’autorisant une contemplation gracieuse du temps. Ses œuvres parlent d’elles-mêmes. Portfolio.
Comment est née la passion de la photographie ?
J’ai commencé à me prendre de passion pour la photographie lors de mon premier boulot, en tant que jeune monteur dans la chaine Medi1Tv (medi1sat à l’époque).
Je me baladais dans les ruelles de Tanger et je suis tombé sur la devanture du labo photo El Menzeh sur un boîtier argentique, que je me suis empressé d’acheter.
Quelques années plus tard et après quelques centaines de pellicules exposées, je participais à ma première exposition collective auprès de jeunes photographes marocains, après avoir bossé quelques années en tant que photographe basé au Maroc pour Jeune Afrique.
Je pense qu’avec du recul, je me suis mis à la photographie aussi par flemmardise, j’ai fait beaucoup de vidéos étant étudiant et trouvais à la fois le matériel très lourd et le processus aussi et j’ai toujours été un peu jaloux de la rapidité de la photographie. Ceci étant dit, je continue à faire de la vidéo aussi.
Qu’est-ce qu’a apporté la photo presse à votre oeil de photographe ?
La photo de presse a, dans mon cas, été une école. Se retrouver dans une manifestation ou devant une personnalité, et n’avoir qu’un temps très court pour avoir la bonne photo, le bon portrait avec la bonne lumière, installer son matériel à la hâte et sans faire d’erreurs a, dans mon cas été un court et bon processus d’apprentissage. Après s’il faut parler d’oeil, je dirai que ça a beaucoup contribué à l’aiguiser, mais aussi assister aux interviews et entendre des personnalités parler d’actualité dans le détail, cela aussi a contribué à me nourrir l’âme.
Qu’aimez-vous prendre en photo ?
Ce que j’aime prendre en photo ce sont les gens, pour moi une bonne photo est une photo où on voit un humain ! Ne serait-ce qu’une silhouette devant un coucher de soleil par exemple. Du coup, je ne me sens bien que lorsque je dois prendre en photo une foule lors d’un festival, une manifestation, mais aussi lorsque je suis en reportage à des kilomètres de chez moi et que je suis avec quelqu’un qui m’autorise à entrer dans sa vie et le prendre en photo.
Avez-vous une technique particulière ?
Sincèrement, non ! J’ai commencé la photographie en expérimentant et je continue à expérimenter et à m’intéresser à différentes techniques presque toutes les semaines. Il y en a tellement, qu’à mon sens une vie ne suffirait pas pour les explorer toutes.
Qui sont les photographes qui vous fascinent ?
Je suis tenté de dire tous ! On a tous tendance à facilement oublier qu’un photographe est un auteur ! Et on est presque tous capables de citer une dizaine d’écrivains et incapables d’en faire autant pour les photographes. Mais si je dois ne citer que quelques-uns, je dirai Joseph Koudelka, Stanley Greene et Robert Frank.
Est-ce que le confinement/ pandémie a changé quelque chose dans votre processus créatif ?
Oui et non, oui dans le sens où c’est de plus en plus compliqué de partir en voyage loin de la maison, et que la rencontre avec les gens est plus masquée… Et aussi non, car cela fait quelques années que je travaille sur d’autres projets à base d’archives vidéos et photos et que cela me laisse plus de temps pour peut-être enfin en venir à bout.
La photographie parfaite selon vous ?
Je ne pense pas qu’on puisse dire qu’il y ait une photographie parfaite. Il y a des photos qui vous parlent plus que d’autres, et si je dois trancher je dirai que ce serait une photo qui raconte une histoire, tant dans le champ que dans le hors champ, ce serait une photo qui se suffirait à elle-même, qu’on puisse la comprendre sans même lire la légende.
Vos photos, sont-elles mises en scène ?
Non, j’évite au maximum la mise en scène, sauf pour des travaux de commande où là, pour des contraintes de temps il faut s’y résoudre…
Quel matériel photo utilisez-vous ?
Comme je l’ai dit plus haut, j’adore expérimenter. Je passe du gadget en plastique mais qui prend des photos au moyen format argentique sans problèmes, en passant par le polaroid. Pour moi, chaque situation peut être prise en photo avec un appareil différent, une optique plus ou moins vieille… Je collectionne les appareils photos depuis quelques années aussi et je dois en avoir une bonne cinquantaine, mais ça ne veut pas dire que je me les trimbale à chaque sortie, pour mes travaux personnels, je fais des choix en amont et je les assume jusqu’au bout.
Avez-vous toujours une idée précise de la photo que vous voulez prendre ?
De la photo précise, non ! Mais de l’ambiance que je veux faire ressentir, et le plus souvent à travers une série de photos. Dans le photojournalisme, il est très rare qu’une seule photographie se suffise à elle-même.