C’est au cours d’une présentation conviviale dans l’enceinte de la résidence de l’ambassadeur d’Espagne au Maroc, que le programme annuel des activités culturelles de l’Espagne au Maroc a été dévoilé le jeudi 30 janvier 2025. Une infinité d’événements qui démontrent que la culture reste l’une des passerelles des plus solides qui unissent les deux pays.
Devant un parterre de partenaires culturels, de journalistes, de personnalités des mondes de la culture et des arts, plusieurs responsables espagnols ont pris la parole pour évoquer la lune de miel que connaissent les rapports hispano-marocains. L’Ambassadeur, Enrique Ojeda Villa, andalou, fin connaisseur des arcanes et des affinités, ex-Directeur de la Fondation des trois cultures de la méditerranée, déclare que «Le Maroc et l’Espagne, deux pays partenaires stratégiques dont les relations bilatérales traversent leur meilleur moment dans tous les domaines ». A écouter les autres intervenants, on s’aperçoit du poids que pèse dorénavant dame culture dans les relations bilatérales entre les deux pays amis. La culture comme ouverture sur l’Autre, promotion des valeurs universelles de paix et du vivre ensemble, mais aussi comme levier de développement durable. Santiago Herrero, le Directeur des relations culturelles et scientifiques au sein de l’Agence espagnole de coopération internationale pour le développement (AECID) appelle «à faire de la langue espagnole un levier de consolidation des relations entre Madrid et Rabat ». Luis García Montero, le Directeur monde de l’Institut Cervantès, note que «le Maroc est un point de référence de premier ordre pour l’Espagne en matière de coopération culturelle » et Raquel Caleya, la Directrice de la culture de l’Institut Cervantès, souligne que cette institution, considère «le Maroc comme une passerelle permettant de renforcer sa présence dans le continent africain »… Tout un programme dans l’esprit de la déclaration conjointe adoptée au terme de la visite du Président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, insistant sur la détermination des deux pays à établir une feuille de route, dont l’un des points les plus importants est de renforcer la coopération bilatérale culturelle et de donner un nouvel élan au conseil d’administration de la Fondation des Trois Cultures de la Méditerranée.
Retrouvailles andalouses
Co-organisé pour la première fois par l’ambassade d’Espagne et l’Institut Cervantès, la programmation se décline sur plusieurs axes : Renforcement de la coopération avec les institutions locales, promotion du dialogue hispano-marocain, visibilité du rôle de la femme créatrice, diffusion de la science espagnole, accès à la culture pour les publics émergents, durabilité et environnement et cours et ateliers culturels. Toutes les facettes de la culture, édition, musique, cinéma, vidéo, danse, théâtre, arts plastiques, intelligence artificielle…, seront célébrés. Que ça soit dans les Instituts Cervantès ou autres espaces, le public est invité à la découverte de la culture espagnole dans tous ses états, ainsi que son dialogue avec la culture marocaine. L’Andalousie, legs commun que partagent les deux pays, reste parmi les temps forts de cette programmation avec le flamenco, l’héritage séfarade et le patrimoine historique matériel et immatériel. Parmi les projets inscrits au programme, figure une exposition à Rabat intitulée «Architecture andalouse. Espaces et vues», qui sera organisée avec la Fondation El Legado Andalusí de la Mairie de Ronda, en plus de la projection des quatre épisodes d’Alquibla (une série documentaire consacrée au monde islamique, écrite et présentée par Juan Goytisolo).
Outre l’édition avec la participation au Salon du Livre de Rabat, la traduction. Ainsi, l’Institut Cervantès s’associera avec des événements tels que le Festival de Fès des musiques sacrées du monde, le Festival de vidéo art de Casablanca, le festival international de mémoire commune de Nador, le Festival international de danse contemporaine à Marrakech «On marche», le Musée d’art et de la culture de musique du monde à Rabat, le Festival Visa For Music à Rabat, sans oublier le Festival cinématographique de Tanger et le Festival du cinéma africain à Tarifa. La programmation donne de la visibilité aux femmes créatives à travers des projets culturels qui les mettent en valeur, comme le programme « L’espagnol, une langue avec des valeurs », avec la linguiste Estrella Montoliu.
Chaque intervenant de cette inaugurale présentation finissait son allocution par un clin d’œil à la prochaine Coupe du monde. Comment y échapper ?!
Pages lumineuses à réécrire !
Malgré le poids du passé, les litiges de la géographie, les malentendus occasionnels … le Maroc et l’Espagne restent liés par la proximité du voisinage, une brillante page de l’histoire commune et surtout les affinités culturelles. Le grand écrivain Juan Goytisolo, qui repose dans la ville de Larache, déclarait en 1998, « nous nous ressemblons tellement, qu’en Espagne il s’agit moins d’un racisme envers le peuple arabe que de la négation d’une parenté. » La programmation culturelle dévoilée à Rabat «ville lumière et capitale culturelle du Maroc », est une suite logique aux diverses initiatives lancées depuis des années. Je pense à l’installation du comité Averroès, à la Fondation des Trois Cultures, au El Legado Andalusi, ainsi qu’à diverses initiatives officielles ou émanant de la société civile dont le magnifique festival automnal des Andalousies Atlantiques d’Essaouira, instrument par excellence de diplomatie culturelle. Personne ne peut nier aujourd’hui que l’Autre fait partie de nous. Qu’une partie d’Espagne vibre dans le cœur des Marocains et que l’héritage arabo-andalou est un affluent de l’histoire et de la culture espagnoles. Tout au long de notre histoire commune, nous avons connu des périodes de conflits mais aussi de pages lumineuses. Ce sont ces dernières qui restent à réécrire.