FNAÏRE : LES ENFANTS DU TERROIR

by Abdelhak Najib

C’est l’un des groupes les plus connus au Maroc. Presque vingt ans de carrière avec toujours le même souci d’être au plus près des racines culturelles du Maroc. Fnaïre est un mélange subtil entre rap, hip hop, chaabi et culture amazighe, le tout avec une vision simple de la musique: rester  ancré dans le terroir.  Fnaïre se livre ici sans fard pour parler de leur carrière et de leurs projets. Ne ratez surtout pas l’interview en vidéo sur VHTV ET VH.MA


   

Le groupe comptait quatre larrons, avec Hicham Belqas. Ils ne sont plus que trois mousquetaires après le décès accidentel de leur compagnon de route. Aujourd’hui, ce sont presque vingt ans de travail pour une carrière qui va toujours crescendo. Des tubes qui marquent, des concerts un peu partout dans le monde et surtout une ligne de conduite qui est bien ficelée : ne pas déroger à une promesse qu’ils se sont faite au tout début. Rester au plus près de leur cœur, faire leur musique et même si de temps à autre ils répondent aux chants des sirènes avec des morceaux purement commerciaux, les racines sont solides pour un band qui sait où il va. Mouhssine Tizaf, Khalifa Mennani et Achraf Aarab sont les piliers d’un groupe qui a su garder une vision simple de la musique, aller au fond de la société marocaine, chercher des sujets actuels, s’ancrer dans le social, en restant jeunes et sans donner dans des styles différents. Une marque de fabrique reconnaissable avec un souci du détail, une approche musicale qui a fait ses preuves. Formé en 2001, le groupe originaire de Marrakech compte plusieurs albums à succès, dont « Lafthouh » (2004), qui comprend des morceaux combinant chansons traditionnelles et rap occidental, tels que « Bahjawa », « Matkich Bladi », et l’album « Yed El Henna » (2007). Le groupe s’était aussi engagé en faveur de l’environnement avec leur chanson « Al Amir Nadif ». Une chanson qu’ils avaient interprétée à la COP22 devant, notamment, Sa Majesté le roi Mohammed VI et l’ancien Secrétaire général de l’ONU, Ban-Ki Moon. Le style est un mélange subtil de rap, de chaâbi, avec des tonalités amazighes, le tout décliné dans des sonorités qui naviguent entre Hip Hop et traditions musicales marocaines, puisque le groupe garde des attaches claires avec le terroir et va puiser au fond de cet héritage pour enrichir ses mélodies.  Aujourd’hui avec Siri Siri, c’est un autre palier qu’ils franchissent. Le single fait un tabac et ce n’est que le début. Dans cette rencontre exclusive avec VH, Fnaïre reviennent sur leurs débuts, les grands moments de leur carrière, sur leur ami défunt Hicham Belqas, sur le succès, la société marocaine, l’avenir de ce pays…

Le début

Fnaïre apparaît sur scène pour la première fois lors d’une série de concerts en 2002 au profit de l’Association de lutte contre le sida sur la place Jemaâ El Fnaa. On s’en souvient, lors du concert, les musiciens ont chanté au public un morceau dédié à leur ami Anas qui est décédé. Le public a retenu que Mouhssine avait les larmes aux yeux en chantant. C’est là qu’ils jouent aussi pour la première fois Bahjaoua, qui devient le titre phare de leur premier album. Des débuts déjà marqués par le contact intense avec le public et la foule. Depuis, cet amour avec le public n’a cessé de grandir.

« Les débuts sont inoubliables. On en parle souvent entre nous. On était très jeunes mais on avait envie de faire notre musique. Très vite, nous avons trouvé la voix et nous avons surtout trouvé les bonnes personnes pour nous aider et nous montrer le chemin à prendre. On se souvient de cette fougue de jeunesse, l’envie de tout faire, ne reculer devant rien et surtout montrer au monde ce dont nous étions capables. »

« Yed L7enna »

«C’est un succès immédiat. On a travaillé avec Abel Dammoussi, qui nous a lancés de manière extraordinaire. Et très vite, nous avons vu que ce travail sur la société marocaine, avec ce beau message sur l’amour, la tolérance, la fraternité, le dialogue entre les gens et surtout cette belle culture de l’acceptation dans la tendresse et la volonté d’être au plus près de son prochain. C’est une chanson  qui a servi d’électrochoc aussi à sa sortie et qui marque encore parce que les messages sont toujours d’actualité.  Nous avons besoin les uns des autres. Nous avons besoin d’amour. Nous avons besoin d’être ensemble pour construire cette belle société marocaine ».

 

« Chayb » contre le mariage des mineurs

Le titre engagé du trio marrakchi, intitulé « Chayb », pointe du doigt le problème des mariages des filles mineures au Maroc. «Il est injuste de récolter des fruits avant maturité. Et ce n’est pas honorable de cueillir des fleurs avant qu’elles n’éclosent»,…». J’étais jeune, pleine d’espoir et ils m’ont mariée à un chibani»… Les paroles sont claires du vidéo-clip du groupe Fnaïre qui a fait sensation.

 

Hicham Belqas, le frère perdu

Hicham Belkas, membre du groupe de rap marocain Fnaïre, avait pris part au festival des musiques sacrées du monde, à Fès. Il a trouvé la mort dans un accident de la circulation. Hicham, 23 ans, a trouvé la mort après son évacuation au service des urgences de l’hôpital Ghassani de Fès. Les trois autres membres du groupe ont été légèrement blessés dans cet accident. Aujourd’hui, les trois amis gardent une blessure vivace de ce drame. Ils ne peuvent jamais oublier «Jamais on ne pourra oublier notre frère Hicham. Nous avons construit ce groupe ensemble. Aujourd’hui, il est avec nous à chaque instant et chaque chanson lui est dédiée. Il est toujours avec nous par l’esprit et par le cœur ».

Le travail en groupe

« Nous travaillons en concertation continue. Il n’y a pas de leader, il n’y a pas de chef, ce n’est pas la culture de la maison. Au contraire, on propose, on s’écoute, on corrige et chacun apporte sa pierre à l’édifice. Il n’y a pas d’égo non plus, autrement on aurait déjà capoté. Il faut travailler sereinement dans l’amour du partage. C’est le secret de notre longévité. Bientôt vingt ans et on tient comme des frères. C’est aussi le respect qui nous anime. Le respect et l’estime de chacun. Pour tenir la baraque, il faut savoir accepter les critiques, ne pas s’enflammer pour un rien et surtout garder la tête froide. »

 

Al Amir Nadif, la nature d’abord

C’est un message fort que le groupe Fnaïre nous a transmis à travers leur clip «Al Amir Nadif». Avant la COP22, les trois hommes se mettent au vert pour la cause environnementale. Dans un campement au milieu d’une forêt, les trois compères en costumes de scout accompagnés d’enfants, sensibilisent sur les enjeux climatiques et sur l’importance de préserver l’équilibre harmonieux de la planète. Un grand moment dans leur carrière. La chanson a été jouée devant Sa majesté le Roi Mohammed VI à Marrakech pour la COP 22. Un moment inoubliable.

«C’est sûrement le plus grand jour de notre carrière. Nous produire devant Sa Majesté, c’est le rêve de tout artiste marocain. Et nous avons été à la hauteur de ce grand événement qu’est la COP 22, avec une chanson engagée  avec des enfants qui ont été au top. On travaille pour ce genre de souvenir. On est là devant le Souverain et devant le monde entier qui a suivi ce grand événement à Marrakech et nous avons eu cette chance de chanter et d’y participer à notre mesure. Il y a de quoi être fier ».

Le Maroc dans le monde

« Le Maroc évolue de manière extraordinaire. Il y a du bon et du moins bon comme partout ailleurs, mais il faut dire que nous avons un magnifique pays. C’est indéniable. Il faut voir comment les étrangers parlent de notre pays et de notre culture. Nous avons une belle histoire, un peuple grandiose, un héritage de grande civilisation et nous jouissons d’une belle réputation dans le monde. En tout cas, là où nous avons été, Le Maroc est décrit avec beaucoup de respect et beaucoup d’admiration. Nous devons tous être fiers de notre pays. Nous devons être fiers de ce que nous avons construit chacun à sa mesure. Et nous devons tous participer à construire notre avenir dans le respect de tous. »

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