Surfeur de carrière et écologiste de cœur, Saad Abid co-fondateur de l’association Bahri, se bat par monts et par vaux pour la réalisation de ses actions en faveur de l’Environnement. Ne cessant de nettoyer ni de planter, il voyage aux quatre coins du Maroc pour sensibiliser et fédérer un sursaut de conscience chez les populations. Un travail ardu dont Saad fait fi avec ténacité et passion tant il est prêt à défendre la nature contre les agressions quotidiennes de l’Homme. Entretien.
Depuis votre dernière interview sur VH Magazine, vous avez abandonné votre carrière de surfeur ainsi que votre passion pour les sports extrêmes pour vous consacrer, entièrement, à l’association Bahri dont l’action majeure est la protection du littoral. Pouvez-vous expliquer à nos lecteurs les raisons de votre choix ?
L’un n’empêche pas l’autre ! Effectivement, je consacre beaucoup de mon temps au développement des actions de l’association Bahri, mais je n’ai jamais abandonné ma carrière de surfeur !
Je suis toujours autant engagé dans ma passion pour les sports extrêmes et particulièrement, au développement ainsi que l’essor de ces derniers au Maroc. D’ailleurs, j’ai récemment mis en ligne sur mon site web www.saadabid.com, une nouvelle vidéo décalée, mais toujours en quête de promotion du pays authentique, en faisant découvrir un lieu mythique de notre pays à dimension nationale et internationale.
Dans la lignée de la vidéo “Surf et Snow au Maroc”, je souhaiterais travailler avec les personnes responsables de la promotion du tourisme de niche au Maroc. Grâce à cette collaboration, je compte réaliser des capsules vidéo professionnelles mettant en avant notre beau pays tout en combinant des activités de dépassement de soi et de l’écotourisme. Je suis actuellement à la recherche de partenaires afin de soutenir ce projet enrichissant pour notre pays.
Pour plus d’informations sur le projet 24h In Morocco: www.saadabid.com !
Quelles sont les difficultés rencontrées ? Les défis relevés ? Et les victoires remportées ?
Les difficultés rencontrées sont qu’une association comme la nôtre qui agit sans relâche pour faire évoluer les actions concrètes au Maroc n’ait jamais reçu une aide financière de l’Etat ou des autorités marocaines compétentes, mis à part l’octroi d’autorisations afin de concrétiser nos actions.
Les défis relevés se matérialisent à travers les différentes actions que je mène au sein de l’Association Bahri à savoir :
• Opérations de nettoyage des plages «Bahri Dima Clean» menées dans plus de 9 villes et réunissant plus de 24 000 personnes en 6 ans.
Installation de 126 poubelles avec messages de sensibilisation sur tous les accès plage de Ain Diab + sur la haute plage.
• Projet Plages Propres à Mohammedia (Trophée du Littoral Durable décerné par Lalla Hasnaa).
• Lancement du projet de la valorisation des chiffonniers et sensibilisation des marocains au tri sélectif grâce à l’appui d’Atlanta/Sanad.
• Introduction de la méthode « Zero Energy » (constructions de bancs à l’aide de déchets) dans plusieurs écoles privées et publiques à Casablanca avec ateliers de sensibilisation et pratique en partenariat avec l’association 3000 Ecomen.
• Organisation du Surf Green Morocco Tour en partenariat avec l’Ambassade Américaine de Rabat.
Les victoires remportées sont principalement la reconnaissance des nombreuses actions et combats que l’on mène au quotidien au niveau national, mais aussi international. Récemment Invité à la conférence « Our Ocean » par l’Ambassade Américaine au Maroc, et complètement pris en charge à Washington, j’ai eu la chance d’être le seul marocain représentant de la société civile. Lancée en 2014 par John KERRY, secrétaire d’Etat américain, cette conférence était placée sous le thème «notre Océan, un seul Avenir». J’ai pu participer aux différentes discussions autour des problèmes et enjeux actuels auxquels sont confrontés les littoraux.
J’ai également été sélectionné par l’Ambassade des USA à Rabat pour représenter le Maroc dans le cadre du “Programme de Leadership des Visiteurs Internationaux” (Mai 2016). Cette expérience environnementale unique de 21 jours, entièrement financée par le Gouvernement des Etats Unis se nomme: “Encourager la jeunesse pour la protection de l’environnement”. Il a permis à 8 participants de plusieurs pays, d’explorer, d’apprendre et de partager les meilleures pratiques afin d’encourager les jeunes à prendre des mesures pour protéger l’environnement. A travers des réunions, des visites, des ateliers, des conférences, tout en passant par des villes comme Washington, Pensacola, San Francisco, Reno et Pittsburgh, j’ai pu examiner la façon dont les campagnes de promotion du recyclage et les messages de sensibilisation sont mis en œuvre. J’ai, également, pu rencontrer des entrepreneurs sociaux axés sur l’utilisation des réseaux sociaux et autres plateformes web pour encourager les jeunes à s’engager en faveur de la protection de l’environnement.
Vous menez des actions pour la sensibilisation et l’éducation en faveur d’un développement durable. Comment diffuser, justement, un comportement social écologique dans la société marocaine ?
Malheureusement, nous sommes encore au stade embryonnaire au Maroc malgré les efforts déployés par les autorités compétentes. Nous investissons massivement dans des infrastructures mais au passage, nous oublions d’investir sur le changement des mentalités. Ceci doit passer par une réforme de l’éducation. Il faut que le langage écologiste soit adapté à la cible et aux citoyens, afin que le peuple comprenne de quoi il s’agit. Le jour où les Marocains comprendront la gravité de la situation à laquelle nous sommes tous confrontés, nous pourrons assister à une prise de conscience collective.
Nous devons revoir notre modèle économique. Nous ne sommes pas un pays riche en ressources naturelles et pourtant, nous puisons dans ces dernières. Pour résumer, cela commence par l’exploitation de matières premières et ça se termine en déchets. Je suis plus favorable à la mise en place de stratégies de croissance verte et de développement durable en intégrant la promotion des énergies renouvelables (), la protection des forêts qui sont responsables de l’oxygène qu’on respire ainsi qu’une meilleure gestion de l’eau et les océans, car c’est un enjeu mondial. Il y a moyen de réduire le chômage tout en favorisant l’accès à l’éducation avec une économie verte et durable basée sur une gestion efficiente des ressources naturelles. Nous devons changer la vision du mot développement ; il faut inclure la politique du bonheur et développer l’emploi vert afin de pouvoir aspirer un jour à ce que le Maroc soit vraiment la locomotive de l’Afrique.
Quels seraient les bienfaits de la COP 22 pour une association comme la vôtre ?
J’espère que la prise de conscience se conjuguera davantage aux actions qu’aux paroles. L’accord de la COP21 n’a toujours pas été ratifié et il le sera juste avant la tenue de la COP22, il faut donc passer à l’action avec des solutions concrètes, car le changement climatique n’attend pas.
J’espère aussi que les liens entre la société civile marocaine et la société civile internationale seront renforcés. Nous souhaiterions apprendre comment lever des fonds à l’international, car je ne trouve pas ça normal qu’une association comme la nôtre qui agit sans relâche pour faire évoluer les actions concrètes au Maroc n’ait jamais reçu une aide financière de l’Etat ou des autorités marocaines compétentes.
Quels sont les projets que vous avez en cours ?
La Caravane de la COP22 en partenariat avec Dir Iddik. Il s’agit d’une tournée dans 7 villes marocaines ayant pour objectif une journée de réhabilitation d’un espace de la ville avec plantation de fleurs, peinture, nettoyage, installation de poubelles puis une journée de sensibilisation ayant pour objectif l’éducation des enfants à la protection de l’environnement grâce à des ateliers et des jeux éducatifs.
Mon principal projet est de continuer mon combat pour la protection du littoral en rassemblant, fédérant des personnes venant de tous horizons soucieux de protéger l’environnement.
Et ceux à venir ?
Je ne vais pas tout vous dire 🙂 ! De beaux projets sont à venir, ralliez-vous au mouvement !
www.associationbahri.org