Pour moi la première vision qui me vient c’est celle du conte de Shéhérazade, la femme intelligente, cultivée, chaste et obéissante, qui doit sauver sa tête, qui devient un chat siamois doublé d’une hypnotiseuse, une amante jusqu’au bout de la nuit, comme la décrit Malek Chebel dans son article “Qui es-tu Shéhérazade?”
Dans cette culture ou je suis ancrée, je me rappelle des mots de ma douce mère : pour que tu sois une femme accomplie, il faut que tu saches cuisiner, garder ton foyer acueillant et savoir entretenir ton mari toujours avec patience et sourire. Il te reviendra toujours.
Le sexe au Maroc, pour moi c’est Presque un mot tabou, quand un jeune garçon ne peut pas se promener avec sa Chérie main dans la main dans la rue sans se faire chahuter, qu’une relation ne peut exister en dehors du mariage, quand une jeune fille est repudiée si elle n’est plus vierge avant de se marier? Que l’on n’a pas la liberté de faire de son corps ce que nous avons envie de faire?
Comment peut-on savoir qu’une union peut fleurir si nous ne nous connaissons pas et sommes, condamnés à la vivre parce que la societé nous a obligés de passer à l’acte de mariage pour passer à l’acte charnel? Comment un jeune homme peut connaitre ce que c’est une femme sans l’avoir frequentée?
J’ai l’impression que nous vivons de nos temps une schizophrénie aiguë, car nous voyons sur nos écrans, nous lisons dans nos livres des histoires d’amour possibles mais dans le réel, nous n’y avons pas droit. Ces frustrations font de nous des êtres très confus, car nous n’avons pas le soutien de la société, nous ne pouvons pas en discuter avec nos parents, nous n’avons pas de repère, pas d’éducation sur le sujet, donc nous ne pouvons pas nous épanouir vers une société qui sait aimer, apprécier un être pour ce qu’il est et non parce qu’il a gardé sa virginité jusqu’à ses trente ans. Un jeune homme qui doit aller vers une prostitué pour sa première expérience sexuelle ou pour satisfaire un besoin et un jeune homme qui pense qu’une femme qui n’est pas vierge est une prostitué, a une vision trés distortionnée je pense. Je crois que de nos jours, nous devons éduquer nos enfants, parler librement avec eux des choix qu’ils peuvent faire, que l’amour n’est pas le sexe et que l’on a le droit de choisir le moment où nous sommes en confiance et nous aimons vraiment l’être avec qui nous voulons avoir une relation, sans la pression de la société ou de ce que l’on va dire, mais entre deux être libres de s’aimer.
Nous avons un long chemin à faire de tolérance envers les autres quels que soient leurs choix, et rien n’est impossible quand c’est avec amour sincère .
Soumaya Akaaboune, schizophrénie aiguë
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