Après Kandisha et l’Orchestre de Minuit, Jérôme Cohen Olivar revient avec “Autisto”, un film plus intime, sur l’autisme et surtout avec une oeuvre qui sera la première co-production cinématographique Maroc-Israel-Usa. Le tournage aura lieu au Maroc, aux USA et en Israel. Rencontre avec un cinéaste marocain à la fois sensible et épidermique, qui prouve encore une fois que le cinéma n’a pas de frontières.
Une première coproduction marocco- israélienne dans l’histoire du cinéma. Comment cela s’est fait ?
Cela s’est construit au fil du temps, un peu comme un puzzle… j’ai toujours admiré le cinema israélien, sa profondeur, sa sensibilité, ses sujets… quand la voie a été libre, ça a été l’étincelle, et puis tout s’est mis en place de façon très organique, très naturelle….
Le sujet du film a-t-il un rapport avec le rapprochement des deux pays ? Quelle est l’histoire du film ?
Le sujet du film est le rapprochement entre les deux pays, à travers cette femme qui, à bout de souffle, et dans un dernier élan de désespoir, vient au Maroc avec son fils, sur la tombe de Haim Pinto, à Essaouira pour y trouver un miracle… mais ça ne sera pas un miracle religieux… ce sera de l’ordre de l’humain…
Comment est née l’envie de raconter cette histoire ?
Elle est née brique par brique car, vous comme vous le savez peut être, je vis l’autisme au quotidien avec mon fils… ce n’était qu’une question de temps, la grenade était dégoupillée et il fallait juste que ça explose… mais je dois dire qu’il y a eu plusieurs catalyseurs, un peu comme un big bang, l’adolescence de mon fils, le désespoir de ces femmes sur les réseaux sociaux et ailleurs, et puis la normalisation… toutes les étoiles se sont alignées; après ce n’est même plus un choix, c’est une nécessité, une urgence…
Est-ce que la pandémie, a influencé l’étape de l’écriture ?
Bonne question… peut être… mais ça n’a pas été l’élément majeur, en tous cas pas consciemment…
Quel genre de scénariste êtes-vous ?
Je suis assez discipliné, intuitif mais rigoureux. Je réécris beaucoup, sept huit, même dix fois… c’est souvent douloureux car je me glisse a chaque fois dans la peau de chaque personnage… mais je sais aussi en sortir. Par contre chez moi a la maison, aucune référence au cinema, je suis un peux comme un cordonnier, quand Je finis ma journée, j’évacue et je passe du temps avec mon fils et mes amis.
Pensez-vous la réalisation à l’écriture du film ?
Oui, tout est visuel quand j’écris, il y a très peu d’éléments littéraires, je dirai même que chaque mot compte et que chaque mot doit véhiculer une idée, un sentiment, un regard… j’essaie d’être précis mais sans que cela n’alourdisse le récit, vous ne verrez jamais un seul mouvement de camera dans mes scénarios, pas une seule référence a la technique et en même temps tout est très technique dans l’écriture, c’est assez paradoxal je l’avoue; cela vient de mon façonnage U.S…. Et de la façon dont tout doit être pesé, mesuré, formatté…
Il y a toujours un côté poétique et mystique dans vos œuvres. Est-ce que le prochain film sera dans la même veine ?
En un mot oui. Et bien qu’Autisto soit le plus dur de tous mes récits, le plus extrême, il y a une grande part de magie… comme dans la vie d’ailleurs…
Qu’est ce que cette coproduction va apporter à votre film ?
Un beau mariage inchallah, le meilleur des trois mondes. Maroc-Israel-
USA. Si chacun fait de son mieux, l’arc en ciel sera au rendez-vous.