D’ingénieur en physique nucléaire et en électromécanique à artiste pluridimensionnel, Mehdi Green fait partie de ces Marocains du monde qui réussissent tout ce qu’ils touchent et transforment en or n’importe quel métal. Fashion designer, Designer, Filmmaker, producteur, photographe, acteur associatif, initiateur de grands projets culturels et sociaux de par le monde, Mehdi Green vient de réussir un tour de force avec le festival des cultures du monde à Bruxelles, qui vient de connaître un immense succès, réunissant une belle palette de la diaspora marocaine de l’étranger, des politiciens de tous bords, avec un seul credo: le partage des cultures, le vivre-ensemble, un monde meilleur sans clivages ethnique, religieux, culturels ou racial. Retour sur la success story d’un enfant du pays.
D’abord qui est Mehdi Green?
Je suis Mehdi Green, belgo-marocain, basé à Bruxelles. Je suis le directeur d’une production multimédia THINK ART, basée aussi à Bruxelles, couvrant les domaines artistiques allant de la production musicale et audiovisuelle accompagné de services annexes en design. Je suis également le président et concepteur du Festival des Cultures du Monde.
Je suis de formation ingénieur en physique nucléaire de la GDF Suez University Paris et ingénieur en électromécanique de l’Ecam Bruxelles, je suis diplômé en gestion internationale à la Brussels Management Schools et j’ai une formation en gestion des affaires.
Je participe également via l’institut de mode Bruxellois à des missions économiques belges dans les échanges internationaux liés à la mode et au design.
Je participe activement avec des groupes de travail tels que l’Eunic, l’Unesco pour le développement du secteur culturel et la préservation de son patrimoine ainsi que son impact au niveau socio-économique.
Quels sont vos rapports au Maroc?
Une relation d’amour. Je suis d’origine marocaine et j’aime sa richesse culturelle, son histoire, sa culture, ses parfums, ses couleurs, ses traditions qui baignent entre l’Occident et l’Orient. Le Maroc est pour moi une source d’inspiration énorme, un voyage dans le temps qui fait grandir l’âme. D’ailleurs, dans tous les événements culturels que j’organise, je ne manque pas de représenter une programmation culturelle marocaine. Les spectateurs belges en sont ravis.
Je suis de près l’actualité artistique marocaine, dès que j’ai la possibilité, j’assiste à plusieurs événements tels que le festival du film de Marrakech, le festival Mawazine, le festival Gnaoua, les expositions, afin de découvrir les nouvelles tendances artistiques. Je travaille également avec le ministère des MRE (Marocains résidant à l’étranger) où j’ai pu rencontrer le Ministre Anis Birou, afin de créer des échanges culturels Nord-Sud. Comme le 15 mai 2014 où nous avons célébré les 50 ans de commémoration de l’immigration marocaine sur la Grande Place de Bruxelles. Nous avons présenté le résultat positif de cette immigration et célébré la diversité culturelle à travers un spectacle unique de mise en scène qui retracait l’évolution de l’immigration à la citoyenneté. Une projection 3D sur l’hôtel de ville de Bruxelles a été réalisée par THINK ART accompagnée de danses et percussions. Elle a permis de voyager à travers le temps et de revivre les moments forts de cette immigration.
Vous multipliez les déplacements dans le monde, vous êtes aujourd’hui une sorte d’ambassadeur de votre culture?
Ambassadeur de la culture dans toute sa diversité avec le partage des héritages communs comme patrimoine de l’humanité. Le plus important est le dialogue interculturel. Voyager aux quatre coins du monde a beaucoup changé ma façon de voir le monde. Elargir mes connaissances sur les pays que je découvre. Voyager, c’est côtoyer d’autres cultures de plus près, c’est se rendre compte que nous partageons tous les mêmes valeurs fondamentales.Toutes ces richesses acquises à travers le voyage ont ouvert mon coeur et mon esprit. Nous devenons plus sensibles et tolérants aux différences des autres et cela bien évidemment permet un meilleur vivre ensemble.
Vous avez une double culture: marocaine et belge, parlez-nous de ce mélange, de cette richesse de porter deux univers qui peuvent au fond être très complémentaires?
Effectivement comme vous le dites, celui qui réussit le challenge de la vie est celui qui prend le meilleur de tout ce qui l’entoure. Depuis ma tendre enfance j’accompagnais mes parents pour les vacances au Maroc. Ils m’ont fait découvrir les différentes cultures arabes et berbéres du Royaume, les différentes ethnies du nord au sud, de l’est à l’ouest. Cela a permis de construire ma personnalité et bien entendu, c’est une chance de ne pas être restreint à une seule culture.
La double culture est une énorme chance d’ouverture sur le monde. On analyse les perspectives d’évolution du monde sous d’autres angles. D’autant plus que la Belgique et le Maroc sont des pays dans des continents différents, de langues différentes, de religion et traditions différentes. On développe forcément d’autres standards de réfléxion et une autre approche de la réalité qui nous entoure.
Parlez-nous de votre projet Think Art?
Créée en juin 2013, l’association « THINK ART » a toujours eu comme objectif d’offrir un accès à l’art pour tout le monde et transmettre un message profond de solidarité : «La culture pour tous ».
Dans nos sociétés de plus en plus diversifiées, il est essentiel d’assurer une interaction harmonieuse, un faire et un vivre ensemble entre des personnes et des groupes aux identités culturelles à la fois plurielles et dynamiques. Telle est la définition du “Diversity Project”, une mission déclinée sous différents projets. Nous utilisons l’expression artistique pour le dialogue entre les cultures, la rencontre des civilisations, le respect et la compréhension mutuels.
Pour atteindre nos objectifs, nous organisons des événements tels que le Festival des Cultures du Monde. Nous travaillons également dans le développement d’une plate-forme artistique internationale qui accompagne les artistes de la conception à la réalisation de leur projet. L’objectif final est de les promouvoir et de créer un échange culturel international. La diversité est un défi crucial de notre temps. Nous vivons dans un monde remarquablement diversifié et notre relation face aux enjeux de notre avenir dépendra de la manière dont nous mettrons en œuvre les ressources que la diversité peut nous offrir.
Vous avez mis sur pied avec vos partenaires le Festival of world Cultures, parlez-nous des objectifs d’un tel happening?
Bruxelles est la deuxième ville la plus cosmopolite au monde, riche de plus de 180 nationalités, une ville internationale tournée vers le monde! C’est la raison pour laquelle, j’ai voulu mettre à l’honneur les valeurs culturelles du monde qui participent à construire la mosaïque d’identités que représente Bruxelles. Un festival à l’image de Bruxelles qui offre une plateforme internationale aux citoyens du monde entier, afin qu’ils puissent célébrer la diversité culturelle en tant que patrimoine commun de l’humanité. Une occasion de découvrir les traditions de différents pays et de se familiariser avec la merveilleuse diversité des cultures du monde.
Le succès a été au rendez-vous…
Absolument. Fort de son succès, le Festival des Cultures du Monde a rassemblé plus de 20 000 personnes dans le coeur de la capitale européenne le 7 mai 2016. Un message fort et symbolique d’union des citoyens autour de la culture comme réponse, notamment aux attentats qui ont marqué l’histoire de la Belgique. La foule a pu découvrir une exposition d’artistes internationaux, goûté aux saveurs culinaires du monde à travers les étals de ses deux villages, et pris plaisir à écouter la variété des concerts d’artistes locaux ou à se déhancher au rythmes d’un spectacle de danse rassemblant 19 pays du monde.
Depuis sa création en 2014, le FWC est parvenu à se hisser parmi les grands événements culturels de la Ville de Bruxelles. Le Festival des Cultures du Monde a fait voyager aux quatre coins de la planète les citoyens belges avec une programmation riche en couleurs avec plus de 300 artistes, en partenariat avec 29 ambassades.
Cela tient aussi à la vision de ce festival axé sur les diversités des cultures du monde.
Tout à fait. L’ambition de ce projet est de proposer une vision cohérente de la diversité culturelle, mais aussi, de démontrer qu’elle est loin d’être un problème, mais plutôt une solution.
Avec mon équipe, nous voulons convaincre les leaders d’opinion qu’investir dans la diversité culturelle est essentiel pour le dialogue interculturel pétri de compréhension mutuelle. C’est une garantie du respect de notre démocratie, de nos libertés et de nos droits humains universellement reconnus.
Le Festival des Cultures du Monde promeut les valeurs relatives à la journée mondiale pour la diversité culturelle décrétée par l’UNESCO. Nous sommes dans l’élaboration de deux conventions en vue d’acquérir le patronage de l’UNESCO concernant:
1. Convention de la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles (Paris, 20 octobre 2005).
2. Convention de la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel (Paris,17 octobre 2003).
Comment sont perçus aujourd’hui les Marocains en Belgique?
C’est une question assez délicate, car elle est émotionnelle et malheureusement, suite aux attentats qui ont touché la Belgique la perception est mitigée. Le climat de sécurité qui règne à Bruxelles (niveau 3 de renforcement de la sécurité), ainsi que la couverture médiatique sur le terrorisme, les dérapages de certains politiques sur la communauté musulmane, les amalgames, l’actualité de la politique étrangère, les discriminations, les ramifications radicalistes font qu’une partie de la population aura un sentiment de suspicion projeté sur la communauté belge d’origine marocaine.
D’autres Belges sont au courant et font bien la distinction entre le terrorisme international et les problèmes socio-économiques de fond et voient la valeur ajoutée de cette communauté. Aujourd’hui, le vivre et le faire ensemble en période de crise sont d’autant plus importants et bien entendu, la communauté belge d’origine marocaine se doit de répondre présent et participer dans les différents domaines de la construction de la société belge.
Vous êtes convaincu que la culture est un pont solide pour rapprocher les peuples et les cultures, sur le terrain, dans la réalité, est-ce aussi facile à faire qu’à dire?
Rien n’est facile aujourd’hui. Le degré de difficulté réside aux motivations intrinsèques des peuples et leaders d’opinions. Cela dépend des relations entre les peuples qui sont bien souvent tributaires des conséquences liées à la politique, à l’histoire ainsi qu’aux enjeux des pays d’origine.
La culture est la meilleure voie pour mieux connaître et rapprocher les autres peuples. C’est pourquoi nous devons valoriser et sauvergarder l’héritage culturel mondial. Les accords politiques ou internationaux ne sont pas suffisants pour la connaissance mutuelle entre les peuples.
Vous êtes un citoyen du monde, un cosmopolite, quelle image percevez-vous à l’étranger des Marocains?
Ce qui est incroyable, dans tous les pays du monde où j’ai pu me rendre, j’ai rencontré des compatriotes marocains. Les Marocains sont intelligents et débrouillards, quand ils ont les moyens de réalisation et d’ascension, ils savent accomplir des choses formidables. Sans oublier la légendaire hospitalité des Marocains qui est une réalité internationalement reconnue.
Vous travaillez sur des valeurs de partage, de tolérance, de vivre-ensemble, êtes-vous optimiste, pensez-vous que les clivages modernes peuvent être combattus par des individus?
L’homme motivé par la vérité n’a pas de limites. Tout au long de l’histoire de l’humanité, des hommes se sont lévés et ont défié les barrières de la haine et de l’ignorance.
Je pense que dans les sociétés structurées d’aujourd’hui, il est important d’avoir le support des politiques et une vision commune. A l’ère de la globalisation, nous tendons vers un ordre mondial où les échanges internationaux sont quotidiens. Afin de pérenniser le commerce, il est important que les sociétés de plus en plus mixtes puissent vivre et travailler ensemble en harmonie.
Vous êtes fashion designer, photographe, filmmaker, acteur associatif, producteur d’idées, plusieurs casquettes où vous réussissez haut la main. C’est quoi le secret?
Je pense que le fait d’avoir eu la chance de bénéficier de plusieurs formations et une bonne éducation, a permis de développer plusieurs compétences au services de mes projets.Le défis d’aujourd’hui, est la gestion du temps. Nous sommes sur terre avec un crédit temps. Le temps est la seule variable que l’homme ne peut contrôler, c’est pourquoi je développe à chaque fois des plans avec une méthode de travail afin d’optimiser mon temps de travail. J’aime faire les choses étape, par étape en restant focaliser sur ma mission. Je me donne les moyens de réaliser mes projets, en me spécialisant, en recherchant les bonnes informations ainsi que les bons partenaires.
Je m’engage en général sur des projets qui me passionnent et une fois que je m’engage, je ne renonce pas. On ne naît pas gagnant, on le devient avec un esprit de réussite.
Quels sont vos futurs projets?
Au niveau personnel, c’est de grandir spirituellement. Passer du temps avec ma famille et créer des moments de vie. Continuer à contribuer à tout niveau au développement du monde, que ce soit sur le plan humanitaire, environnementale, culturel ou éducatif.
Au point de vue professionnel, c’est de renforcer notre structure Think Art à Bruxelles tout en développant l’image du Festival des Cultures du Monde à l’international. Créer des ponts culturels entre mes deux pays.
Continuer à voyager et découvrir le monde en compagnie de ma fiancée Alina. Nous allons réaliser une série de vidéos des pays que l’on visitera ensemble avec comme thème l’amour et le voyage.