Analyste sportif et caricaturiste, Belaïd Bouimid, donne au sport une dimension culturelle au-delà de l’expression physique et de l’aspect ludique. Ne mâchant pas ses mots, il les décline aussi en dessins et en caricatures…
«Je suis Charlotte…»
Qu’est-ce que être caricaturiste
aujourd’hui, au Maroc?
Chercher à rire de tout, même de l’adversaire.
Autrefois, on disait «ennemi de classe».
Aujourd’hui, les Bolcheviks sont devenus des Mencheviks.
Et même avec en prime, le titre de Hadj.
Alors le gros, avec sa bedaine surdimensionnée y passait, il suffisait d’un demi cercle.
Sans légende et cela coûtait cher en Turquie, par exemple ou en Amérique Latine.
Mais on fantasmait le Peuple (avec un «H» majuscule) et vive le Peuple caricaturiste, même quand il est incapable de dessiner un demi cercle.
Tout récemment, en Syrie, on a broyé, à la crosse, à la queue d’une mitraillette en chaleur, des doigts coupables.
Main gauche ou main de droite, personne ne peut répondre.
C’est classé secret d’État.
L’essentiel, il en a coulé beaucoup d’encre noire.
On ne croque pas Bachar, il a le défaut de la grandeur.
Le Peuple syrien n’en apprécie que la partie inférieure du corps.
Le brodequin et le viseur du colt !
Le reste, la tête est dans le ciel.
Fragile au passage du moindre OVNIC (Objet Volant etc.).
C’est ouvert à la Noukta et là il est imbattable, le Peuple.
On ressuscite Joha et on lui colle toutes les fautes, tous les péchés du monde et toutes les bêtises de la Planète.
On s’éclipse et gare à celui qui est pris à raconter la dernière!
Imaginez la pauvre Shéhérazade acculée par Chahrayar à dessiner, plutôt qu’à raconter les «Mille et une nuits».
Elle aurait subi le sort des caricaturistes de Charlie Hebdo.
Et toutes les féministes auraient investi les rues pour crier: «Nous sommes toutes des Charlie!».
Charlie, Charlot, Charlotte, Wolinski, Cabu…et moi alors?
– Oui, je déteste le portrait charge.
– Tu détestes quoi fils de p…, ah! Ça doit être un mot de passe ou un code secret, c’est bien petit, allez vas-y, dessine, dessine, dessine-moi …une chèvre, j’ai faim de vérité.
– Non monsieur je préfère dessiner un âne et Joha avec. Sur un divan lacanien de couleur bleue et une tâche noire semblable à un requin qui rit.
– Un requin qui… quoi? Ha! Ha! Ha!
Et maintenant je dessine un demi cercle, la moitié d’un ballon dégonflé.
Pchchchchcht… A suivre!
Belaid Bouimid