«La Sape» est un mouvement unique basé au Congo, qui réunit des hommes soucieux de la mode et prêts à dépenser sans compter pour porter des vêtements de créateurs. Habillés dans un contraste saisissant avec leur environnement, ces ambassadeurs élégants deviennent de véritables célébrités locales.
La République du Congo en Afrique centrale ne peut se vanter de son niveau de vie élevé. Pourtant, certains hommes sont prêts à dépenser une fortune en costumes de designers. Ils s’appellent eux-mêmes «sapeurs», membres du mouvement «La Sape». «La Sape» vient du français et signifie «la société des ambassadeurs et des personnes élégantes». Pour ses adhérents, il s’agit de style, de la bonne combinaison de couleurs et de textures, de marques et de matériaux de la plus haute qualité. Ils tirent une véritable joie de leur tenue vestimentaire dans les rues de Brazzaville, capitale du pays et centre du mouvement «La Sape». En marchant dans des rues poussiéreuses bordées de maisons d’argile, ils font tourner les têtes et se sentent comme des rois.
En fait, derrière l’image du succès de ces dandys, il y a souvent des histoires de problèmes financiers importants causés par leur passe-temps extravagant. Pour se payer le prix de leurs vêtements de marque, les «sapeurs» doivent économiser, emprunter et même voler de l’argent, apportant parfois la ruine à leurs familles. Mais même les conséquences désastreuses de leurs habitudes vestimentaires indulgentes n’empêchent pas les «sapeurs» de dépenser de l’argent qu’ils n’ont pas vraiment. Ils sont en concurrence constante et investir dans leur image leur est plus important que d’améliorer leurs conditions de vie. S’habiller intelligemment devient une véritable dépendance difficile à vaincre.
Cependant, certains «sapeurs» s’efforcent de trouver un équilibre entre une apparence chic et une utilisation raisonnable de leurs dépenses. Ils insistent sur le fait que le mouvement «La Sape» n’est pas une affaire de costumes de designer, mais de goût. Ils mettent l’accent sur l’apprentissage de la bonne tenue mais dans la mesure de leurs moyens.
Née au Congo Brazzaville et au Congo Kinshasa, dans les années 1960, la « Sape » est une mode vestimentaire qui consiste d’abord à revêtir l’habit du « colon ». Ce mimétisme avait pour but de se distinguer des autres et d’affirmer sa domination sociale. L’origine de la sape demeure incertaine et controversée. Certains pensent qu’elle a été importée par les anciens combattants, de retour au pays après la Seconde Guerre Mondiale. D’autres affirment qu’elle s’inspire de l’aristocratie britannique ou française. Tandis que beaucoup attribuent sa paternité aux musiciens Matsoua et Niarkos. Quoi qu’il en soit, la Sape est avant tout un vestige colonial, dont les Congolais se sont réapproprié les codes, afin de lui donner une autre signification. Mus par un désir de visibilité, la sape leur permet de s’émanciper, de s’affranchir d’une condition sociale, de s’autodéterminer.