Recordman, avec Michael Schumacher, de titres en F1, créateur de vêtements, converti à l’écologie, chantre de la lutte contre le racisme, Lewis Hamilton détonne dans le paddock par son éclectisme et son activisme.
Détenteur du record de poles positions (97) devant Schumacher, qu’il dépassé en 2017, le désormais septuple champion du monde a aussi détrôné l’Allemand cette saison en nombre de podiums (163) et de victoires (94).
De quoi « mériter le respect » et « inscrire (son) nom » dans l’Histoire de son sport en dépit de ses origines modestes, de sa couleur de peau et des convenances du paddock. Au-delà des chiffres, pour l’ancien grand manitou de la F1 Bernie Ecclestone, Hamilton et Schumacher ne sont pas faits du même bois. «Si vous ne saviez pas que Lewis est pilote, vous ne le devineriez jamais. Alors qu’en voyant Nelson Piquet, ou «Schumi», vous vous disiez qu’ils sont pilotes», s’est exprimé sur le sujet l’ex grand manitou de la F1.
Souvent qualifié de « pop star », avec ses bijoux clinquants et ses innombrables tatouages, le Britannique de 35 ans s’est d’abord fait remarquer par son mode de vie jet-set, devenant le pilote le plus populaire sur les réseaux sociaux, avant de gagner en substance. «Je suis au sommet personnellement et sportivement, mais il y a des victoires beaucoup plus importantes auxquelles nous devons œuvrer tous ensemble pour l’égalité et les mêmes opportunités pour tous», assure ce natif de Stevenage, une cité-dortoir au nord de Londres.
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Premier pilote noir de l’histoire de la catégorie reine du sport automobile (son père, né de parents originaires de la Grenade, et sa mère, blanche, ont divorcé quand il avait 2 ans), la star de Mercedes a régulièrement évoqué le racisme auquel il a été confronté.
Après la mort de George Floyd, victime d’une bavure policière aux États-Unis en mai dernier, le sujet est devenu un combat. Au risque d’agacer par son insistance, le pilote a poussé la catégorie reine du sport auto à se positionner et lancé une commission en Grande-Bretagne pour encourager la diversité dans une discipline majoritairement blanche et masculine.
Auparavant, il s’était affiché en défenseur de la cause animale et de l’environnement, renonçant à son jet privé couleur rubis et devenant vegan. Sa conversion a suscité l’ironie, mais le Britannique n’en a cure. «Notre empreinte carbone est certainement plus élevée que celle du citoyen lambda, mais cela ne veut pas dire que nous devrions avoir peur de parler des choses qui peuvent avoir un impact positif, répond-t-il. Et je prends toujours en compte l’influence que je peux avoir».
Pour mémoire, c’est son père qui l’a initié au karting et qui a financé son début de carrière en cumulant plusieurs emplois, avant une brouille au début des années 2010, quand le pilote a souhaité qu’il arrête de gérer ses intérêts. Depuis, Anthony Hamilton est revenu sur les circuits aux côtés de son autre fils Nicolas atteint d’infirmité motrice cérébrale.
Soutenu à l’adolescence par le patron de McLaren Ron Dennis, le septuple champion du monde a fait ses débuts en F1 en 2007 et conquis son premier titre en 2008, à 23 ans, avec l’écurie britannique. Mais c’est en 2014 qu’il est entré dans une autre dimension au volant d’une Mercedes archi-dominatrice à l’heure des moteurs hybrides. Depuis, il n’a laissé échapper qu’un seul titre (en 2016 au profit son équipier Nico Rosberg) et, sur 135 courses, il en a remporté plus de la moitié (72).
On a pu redouter que ses accointances avec les milieux de la mode (il signe des collections pour Tommy Hilfiger) et de la musique (il a collaboré avec Christina Aguilera sur le titre «Pipe») lui nuisent. L’intéressé, comme son patron chez Mercedes Toto Wolff, y voit au contraire une des clés de son succès. «Entretenir ma créativité me stimule».
Côté vie privée, après une relation médiatisée avec la chanteuse Nicole Scherzinger, Hamilton, fervent catholique comme son idole Ayrton Senna, apparaît plus souvent aux côtés de son bulldog français Roscoe que de potentielles compagnes.
Pas encore réengagé avec Mercedes pour 2021, Hamilton promet que, son titre en poche, il va pouvoir se consacrer aux négociations, avec derrière la tête l’idée de rendre son sport et le constructeur automobile «plus vertueux» en matière d’environnement et de diversité.
Avec AFPF