Renault 4 : Un best-seller qui souffle ses 60 printemps

by David Jérémie

Au début des années 60, alors que la France se motorise à grande vitesse grâce à la Citroën 2CV, Renault a, au préalable lancé l’étude d’une voiture différente dite économique et polyvalente pour lui faire concurrence. Le modèle en question n’est autre que la Renault 4, plus connue sous le nom de 4L. Elle fête cette année, ses 60 printemps. 

Nommé à la tête de la régie Renault en mars 1955, Pierre Dreyfus veut une voiture adaptée à une société en pleine évolution. Il faut inventer une automobile polyvalente, qui doit être un outil de travail du lundi au vendredi, puis devenir les samedis et dimanches la voiture d’une famille partant en week-end ou, l’été, en vacances. Un peu comme une certaine Citroën 2CV dont le succès est incontestable. Et Pierre Dreyfus commence par en fixer le prix. Ce sera 350.000 francs français, et pas un sou de plus ! D’ailleurs, les concepteurs vont tout bonnement appeler le projet «la 350». Autant dire que l’étude de la voiture part d’un coût, soit une méthode tout à fait inhabituelle pour l’époque.

   

Techniquement, les ingénieurs ont doté l’engin d’un châssis plate-forme et inséré un hayon pour faciliter le chargement. La suspension arrière hérite de bras longitudinaux et des barres de torsion transversales. Pour le moteur, il a suffi de récupérer le quatre-cylindre de la 4CV. Un bloc éprouvé qui se voit animé par une boîte de vitesses à trois rapports. La transmission quant à elle se fait aux roues avant. Faut-il souligner que la 4L (le nom de la version de base) est l’un des premiers modèles de la marque au losange à étrenner une transmission aux roues avant. Pour la petite histoire, le principe de traction chez Renault a d’abord été étudié pour un véhicule utilitaire, en l’occurrence l’Estafette. Du coup, les ingénieurs planchant sur la 4L se sont servis de cette étude déjà bien avancée. La Renault 16 commercialisée en 1965 sera également une traction. 

En marge du salon de l’automobile de 1961, une vaste opération de promotion est organisée dans les rues de Paris, avec 200 Renault 4 mises à la disposition des automobilistes qui désirent en faire l’essai. Baptisé «Prenez le volant», cet événement sera un succès avec près de 60.000 parisiens qui se relaient au volant. Ce sera pour eux l’occasion de découvrir les qualités d’un modèle qui sera adopté par différentes générations. 

Produite de 1961 à 1992, la Renault 4, souvent désignée aujourd’hui sous l’appellation devenue générique de 4L, a connu trois générations de clientèles, évidemment différentes ou plurielles comme ces jeans, passés de l’habit utile au vêtement symbole de la jeunesse, avant d’être le pantalon de tous. Au cours des années 1960, les possesseurs de Renault 4 sont des acheteurs séduits par le bi-corps et l’espace intérieur sans égal. Un choix audacieux qui voit Renault se décaler du marché de renouvellement de la 4 CV. La marque ouvre un autre registre, ne conservant que la seule rusticité du produit. Comme un Levi’s, la petite Renault a des numéros, R3 ou R4, une façon de mieux s’adapter aux usages de ses clients et d’offrir des coupes légèrement différentes : la R3, c’est le dépouillement absolu, avec un minuscule moteur de 603 cm3 ; la R4, c’est l’austérité garantie, mais avec un moteur de 747 cm³. La R4 Super, c’est le luxe avec une troisième vitre latérale qui lui donne le statut de limousine et un hayon arrière ouvrant vers le bas, accueillant une vitre arrière conçue pour y coulisser. Du sur-mesure dans la même étoffe. En 1963, elle s’offre même le luxe d’une version Parisienne, jean noir avec poches cannelées. Mais durant toute sa vie commerciale,
la Renault 4 n’oubliera pas la notion d’automobile outil de travail, notamment avec sa version fourgonnette.

Le chiffre

8 135 424 millions c’est le nombre de Renault 4 tous modèles confondus qui ont été produites dans le monde de 1961 à 1992, y compris à l’usine Somaca de Casablanca. 

   

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