Dans le portefeuille de marques de Renault Group, Alpine se place à la pointe de l’innovation aussi bien en compétition automobile avec la Formule 1, le rallye ou le circuit, que sur la route, avec l’A110…en attendant le développement futur de trois nouveaux modèles 100% électriques. Ajoutez-y le concept Alpenglow qui annonce de nouvelles solutions durables, dont l’utilisation de l’hydrogène. Pour parvenir à ses ambitions et poursuivre son développement stratégique, la marque au A fléché s’appuie sur plusieurs plateformes en matière d’ingénierie et sur le plan industriel. Retour sur ces dernières.
Un peu d’histoire pour planter le décor ! Fondée en 1955, sous la houlette de Jean Rédélé, la marque Alpine s’est affirmée dans le courant des années 60-70 (et jusqu’en 1995) avec des voitures de sport à la française. Mais elle a surtout acquis une très forte notoriété en compétition automobile, aussi bien en Championnat International des Marques, qu’en championnat du Monde des rallyes, glanant respectivement en 1971 et en 1973 les titres constructeurs. Figure également au palmarès sportif de la marque une victoire aux 24 Heures du Mans en 1978.
Après plusieurs années de sommeil, Renault a annoncé officiellement en 2012 la renaissance d’Alpine. C’est en 2017 que ressurgit la fameuse A110 des temps modernes, une sportive qui, dans ses différentes déclinaisons, surfe à ce jour sur la vague du succès.
Toujours est-il que l’année 2021 constitue pour la marque un tournant majeur. En effet, Renault Group et son patron Luca de Meo, à travers le plan stratégique «Renaulution», ont réuni sous la bannière Alpine, les marques Alpine Cars, Renault Sport Cars et Renault Sport Racing. Du coup, la nouvelle marque, sorte de porte-étendard en matière de véhicules sportifs et de sport automobile de la firme au losange, s’appuie sur différentes entités géographiques, dont le site des Ulis dans la région parisienne. Déjà engagée dans le développement de l’actuelle A110, cette plateforme d’ingénierie est en train de plancher activement sur les nouveaux véhicules 100% électrique de la marque, devant être commercialisés entre 2024 et 2026.
Il faut y ajouter le site de Boulogne-Billancourt qui concentre les différentes activités tertiaires de la marque Alpine. C’est sur ce site que collaborent les équipes marketing & communication, ainsi que les équipes vente & après-vente.
Alpine, c’est aussi la manufacture automobile de Dieppe en Normandie ou sont assemblés les véhicules de la marque, mais aussi des Renault Clio (200 unités par an) préparées au sein de l’atelier compétition et destinées aux rallyes et aux circuits. Reste à inclure également dans le giron d’Alpine le saint graal, à savoir Alpine F1 Team, l’écurie de Formule 1 basée à la fois à Viry-Châtillon (entité moteur) dans l’Essonne et à Enstone (entité châssis) dans l’Oxfordshire au Royaume-Uni.
Les Ulis, la carte maîtresse de l’ingénierie
Ce site a pleinement participé à la relance de la marque Alpine en développant avec succès la nouvelle A110. Du powertrain à la caisse en aluminium, en passant par les liaisons au sol, le groupe motopropulseur, la conception électrique et électronique, le multimédia ou les services connectés, les experts de ce site disposent des moyens, des compétences nécessaires et du savoir-faire pour affronter les nouveaux défis technologiques en matière de transformation électrique et digitale.
«Nous avons à cœur, de tirer la technologie du groupe Renault en développant une nouvelle gamme Alpine 100% électrique et, en particulier, ce que nous avons appelé le «Dream Garage», à savoir les trois nouvelles voitures qui vont permettre de répondre à des usages assez différents», nous a précisé Robert Bonetto lors d’une visite récente du site à l’attention de la presse marocaine et japonaise. Et le Directeur Performance produit et ingénierie d’Alpine de poursuivre : «cette mission qui nous a été allouée aux Ulis est très motivante, car nous écrivons un nouveau chapitre de l’histoire de cette marque fabuleuse».
Dans le détail, la plateforme d’ingénierie des Ulis, qui englobe 200 salariés (dont 175 techniciens et ingénieurs), se répartit sur 9 300 m2 de superficie totale. Après une présentation de la marque et de ses objectifs à court et à moyen terme, notre visite des lieux a débuté par la découverte en atelier du concept Alpine E-ternité, un prototype d’une A110 qui dispose d’un toit amovible et qui embarque des batteries électriques sous le capot avant, mais aussi en lieu et place du compartiment moteur placé en position centrale arrière.
«Pour le moment, le groupe motopropulseur utilise les mêmes modules de batterie que la Renault Megane E-Tech, qui a été récemment lancée», précise l’un des ingénieurs du site. Il ajoute : «ces modules ont été réadaptés pour s’intégrer au châssis existant de l’A110». Non loin de cette Alpine laboratoire, trône sur un plan de travail plusieurs pièces automobiles dont un capot beige en fibre de lin, un matériau comparable au carbone et qu’entend utiliser à l’avenir Alpine. Il a le double avantage d’être recyclable et d’être produit localement dans la région de Dieppe, berceau historique de la marque.
L’aérodynamique, un maillon essentiel
Pour optimiser l’aérodynamique des futurs modèles, le site des Ulis a fait appel aux équipes de développement en F1 d’Enstone. «Cette collaboration avec nos collègues du Royaume-Uni nous a permis d’affiner nos méthodes de travail, mais aussi nos outils en matière de CFD et d’appliquer certains procédés de la F1 pour nos essais», nous explique cet autre ingénieur en mécanique des fluides.
Justement, l’aérodynamique a fait l’objet d’un soin particulier s’agissant de la nouvelle A110 R, qui a fait sensation sur le stand de la marque lors du dernier Mondial de l’Auto. Un travail qui a permis notamment, d’améliorer l’appui au sol et de réduire la trainée.
De cette déclinaison R de la berlinette, il en a été question sur le site des Ulis dans la mesure où les ingénieurs ont effectué un travail d’allégement intensif ayant permis de réduire son poids jusqu’à 1 082 kilos, soit 34 kg de moins par rapport à une A110 S. «Le travail en soufflerie est essentiel dans le développement aérodynamique d’un modèle sportif comme l’A110. Par ailleurs, certaines pièces comme le capot, la lunette arrière et le diffuseur ont été retravaillées; idem pour les jantes en carbone qui nous ont permis de gagner 12,5 kg par rapport à l’A110 S», ajoute cet ingénieur.
Faut-il souligner, que le staff d’ingénierie des Ulis a conçu un système breveté d’amortisseurs hydrauliques qui disposent d’une bague permettant de régler le taux de compression/détente. De quoi disposer d’une palette de réglages à sa convenance pour limer l’asphalte d’un circuit. Toujours est-il, que cette A110 R exécute le 1 000 mètres départ arrêté en 21,9 secondes. Le 0 à 100 est abattu en 3,9 secondes. Un package mécanique qui permet à l’engin de flirter avec les 285 km/h en vitesse maximale.