Comment va s’opérer ce qu’il est convenu d’appeler désormais le «déconfinement» et qui touche la planète toute entière ? Ce processus peut-il réussir ? Car s’il y a urgence à ce que tout un chacun goûte de nouveau à un semblant de vie et que l’économie mondiale puisse redémarrer aussi vite que possible, il n’en demeure pas moins que le coronavirus court toujours et qu’aucune solution médicamenteuse ne soit pas en mesure de l’éradiquer pour l’instant.
À cela s’ajoutent d’autres interrogations dont celle-ci : chaque pays dispose-t-il d’un plateau de services psychologiques et psychiatriques à même d’accompagner toute personne ayant subi un choc ou un traumatisme lié à la pandémie ? Comment épauler celles et ceux qui évoluent professionnellement dans des environnements opérationnels complexes et qui pourraient justement avoir besoin d’une cellule d’écoute pour venir à bout d’un stress résultant de cette crise sanitaire que nous vivons ? C’est dans ce cadre que s’inscrit le «Stresscovid-Risque et santé, comprendre pour se préparer à la reprise» (en date du 10 avril 2020), une étude ficelée par plusieurs spécialistes de renommée internationale, au rang desquels Edward E. Barbey, Expert Team Leader, Expert en sécurité et en environnements opérationnels complexes et concepteur du modèle «Stresscovid©», Richard Bonnier, lui aussi expert en sécurité et en environnements opérationnels complexes. Il faut y ajouter le Docteur Pascal Missonnier, la Doctorante Estelle Chavary et le Laboratoire Neurosciences Psychiatrie psychologie de l’Université de Fribourg en Suisse.
Une étude bien ciblée
Si le Stresscovid fait avant tout œuvre d’utilité publique, il s’adresse prioritairement aux organisations sociétales ou professionnelles où les facteurs humains constituent un élément déterminant pour la continuité de toute activité professionnelle. Une véritable feuille de route dont les auteurs mettent en relief leur analyse permettant de se situer par rapport à la crise liée au Covid-19 et proposent différents outils qui peuvent aider toutes entités à surmonter le contexte ambiant. Et pour cause ; l’impact que peut avoir un confinement en ces temps de pandémie sur le mental d’un individu est manifeste. «Nous sommes encore dépourvus de repères, bien que quelques indicateurs, disons encourageants, apparaissent. Mais il reste encore une part d’inconnu en vue de la future reprise des opérations», analysent les rédacteurs de l’étude. Ces derniers s’accordent à dire qu’une fois le «déconfinement» prononcé, la période transitoire durant laquelle les choses pourraient rentrer dans l’ordre est estimée à environ huit mois… dans le meilleur des cas. Mais, il n’est pas exclu d’envisager le pire, tout dépend de ce qu’il adviendra de la recherche scientifique et du temps qu’il faudra à cette dernière pour mettre fin à ce virus, sans parler de la deuxième vague potentielle qui pèse comme une épée de Damoclès sur chaque nation. «Vous savez, il y a des environnements professionnels et opérationnels complexes comme la pétrochimie, le bâtiment et les travaux publics, le nucléaire, la médecine, l’aéronautique, le médical…»,
nous égrène Edward E. Barbey. Et cet expert de poursuivre : «Ces intervenants de première ligne sont contraints de délivrer une performance humaine, plus particulièrement mentale et optimale dans leur métier. Ils doivent à tout prix minimiser les erreurs. Comme nous le détaillons dans notre étude, évoluer dans un tel contexte de sortie de crise n’est pas chose aisée pour certains qui ont pu être affectés ou stressé compte tenu de cette crise pandémique que nous sommes en train de vivre», ajoute-t-il. Et c’est bien là le nœud du problème ! Comme nous l’explique M. Barbey, nombreux sont les secteurs économiques à avoir vu leur rendement opérationnel passer de 100% à 30%, voire moins. Or, au moment de la reprise, il devrait y avoir une sorte d’illusion légitime qui consiste à accélérer le mouvement pour stabiliser de nouveau les opérations et surtout pour récupérer les pertes économiques consécutives liées au coronavirus. Ce qui laisse supposer qu’il y aura une pression managériale sur les personnels. Et M. Barbey d’en conclure : «je vous laisse imaginer le stress qui pourrait résulter d’un tel contexte professionnel sur un individu soumis à une attente de résultats».
La sécurité des personnels avant tout
Mais les solutions existent et c’est précisément ce que détaillent à travers leur étude les rédacteurs du Stresscovid. Ainsi, un système de gestion post-Covid pour la sécurité du personnel doit être en mesure d’identifier les dangers potentiels liés à leurs problèmes de santé mentale et gérer les risques associés. Certaines personnes adossées à ces cellules psychologiques doivent y jouer un rôle majeur. C’est le cas du «peer support», tel que défini dans l’étude, une personne très expérimentée, inspirant confiance, dont la mission principale consiste à écouter sans porter de jugement. Il apporte son aide, encourage et oriente, mais surtout dispose de toute la crédibilité pour agir au sein du système de gestion de la sécurité de l’entreprise. Que l’on soit en phase de confinement ou de «déconfinement», l’étude Stresscovid délivre de précieux conseils s’agissant de la gestion du stress et recommande des activités physiques et mentales afin de maintenir les compétences professionnelles de tout un chacun.
Le stress, ce mal qui nous ronge
Le stress correspond à un état perturbant l’équilibre physique et/ou psychologique d’un individu et il va sans dire que la période que nous vivons n’est pas sans conséquence sur notre état mental et physique. Justement, le modèle Stresscovid© décortique les mécanismes du stress sur notre organisme. Selon l’étude, il est déclenché par un stimulus appelé «stresseur» pouvant être d’ordre physique, mental, social ou émotionnel. Dans ce contexte, trois types de comportements peuvent apparaître : l’attaque, l’inhibition ou la fuite. De façon plus détaillée, le processus du stress se décompose en trois phases. Tout d’abord, la phase d’alarme durant laquelle l’organisme réagit face à l’agression et sécrète de l’adrénaline afin de préparer le corps à répondre. S’ensuit, la phase de résistance durant laquelle d’autres hormones sont libérées, telles que les endorphines, la dopamine, la sérotonine et le cortisol afin de fournir à l’organisme et au cerveau l’apport énergétique suffisant pour résister à l’agression. Aussi, lorsque la situation stressante perdure, l’individu entre dans une 3ème phase que le modèle Stresscovid© désigne comme étant celle de l’épuisement durant laquelle l’organisme est à bout et s’affaiblit A terme, cette phase peut conduire notamment à des douleurs musculaires, migraines, problèmes digestifs, perturbation du sommeil, problèmes cutanés… Les symptômes du stress varient d’une personne à l’autre. On en distingue trois types, dont ceux liés au physique (troubles du sommeil, problèmes digestifs, maux de tête, extrême fatigue…), les symptômes mentaux ou émotionnels (anxiété, dépression, baisse de la concentration…) et les symptômes comportementaux (absentéisme, isolement, consommation excessive de tabac, d’alcool, d’aliments sucrés…). Toujours selon l’étude, plusieurs variantes de stress peuvent affecter l’individu dont le stress aigu, le stress chronique, voire le «burn-out», aussi appelé épuisement professionnel.
Fin de confinement, les conseils du Stresscovid
Ci-dessous, une liste non exhaustive de précieux conseils que distillent à l’attention des organisations sociétales ou professionnelles les rédacteurs de l’étude et du modèle Stresscovid©.
- Tirez parti de ce changement rapide pour mettre à profit des actions d’un nouveau style de vie et de travail.
– Attention à l’euphorie de la reprise qui peut être source de stress supplémentaire
– Vous allez redécouvrir les contraintes qui vous stressaient avant la crise…
– Si vous souffrez de pathologies ou le moindre doute sur votre état de santé avant de reprendre votre activité professionnelle, consultez impérativement votre médecin !
– Testez votre programme adapté à une reprise d’activité professionnelle
– Activité physique de 20 à 30 minutes une à deux fois par semaine
– Optimisation mentale : en alternant respirations abdominales (relaxantes) – et dynamisantes (inspirations et expirations profondes).
– Visualisez les moments de «challenge» vécus durant le confinement pour lesquels vous êtes parvenus à vous en sortir avec succès !