Dans un silence quasi religieux, Madame Hiromi Sohaku Straub-Yamada, professeur à l’école Urasenké à Kyoto, entame le rituel de la préparation du thé : le Sado. La pratique exige un engagement de toute une vie! Elle suppose une mémoire des gestes, associée à une gymnastique intellectuelle et à un développement spirituel. Ainsi, la préparation et l’offrande du thé matcha, le Chado, possède quatre caractères fondamentaux: le wa (harmonie), le kei (respect), le sei (pureté) et le jaku (tranquillité). Sa mise en œuvre consiste à manier toutes ces qualités à travers les gestes les plus simples.
Le petit groupe de néophytes qui se retrouve, en cet après-midi de novembre, sur le tatami au siège d’Auto –Hall en font une première expérience avec un enchantement très solennel. D’ailleurs, le décor est planté. Dans un coin, une alcôve avec un vase, des fleurs, une calligraphie japonaise au mur. Toutes les composantes de la rencontre constituent un rébus, un langage silencieux, qu’il faut déchiffrer dans une économie de parole. Il s’agit d’un jeu entre l’hôte et l’invité, une démarche intellectuelle peuplée d’allusions poétiques, littéraires ou philosophiques.